Un texte signé Benjamin Auriche

USA - 1954 - Lee Sholem
Titres alternatifs : Le maître du monde
Interprètes : Charles Drake, Karin Booth, Billy Chapin, Taylor Holmes, Steven Geray, Henry Kulky, Franz Roehn

retrospective

Tobor the Great

La science a ses exigences, lorsqu’une expédition spatiale s’annonce périlleuse pour l’être humain, l’idée d’envoyer un robot dirigé à distance par le biais d’une télécommande et des pouvoirs de genre “télépathiques” germe dans l’esprit de Nordstrom. Ravi, le docteur Harrison participera aux derniers réglages de la mystérieuse et innovante création. Bien évidemment, le secret de cette dernière est désiré avec ardeur, d’autant plus qu’elle serait capable de ressentir des sentiments humains. Ainsi, Nordstrom et son petit-fils seront capturés…
Au coeur des années 50, tout ce qui a attrait à la conquête de l’espace fascine ; les salles obscures projettent les fantasmes les plus étoilés qu’ai connu l’oeil humain et, pour une heure tout au plus, on y est : des fusées se lancent dans les étoiles, de mystérieuses secousses ébranlent des vaisseaux à la structure peu commune, quelques robots colonisateurs envahissent la terre, et, comble de joie, des astronomes aux costumes “dernier cri” embarquent pour l’espace : quel spectacle ! “Le danger vient de l’espace”, “Le Choc des mondes”, “Destination Lune” et “Tobor the great” sont autant d’oeuvres cinématographiques témoignant de l’effervescence absolue du genre que du respectable reflet de l’état d’esprit de toute une génération : entre peur et rêve, la science-fiction des années 50 fascinait avant tout : quel est l’enfant qui, à dix ans dans les fifties, ne souhaita pas devenir astronaute ?
On est en droit de penser que ce n’est pas le cas de Lee Sholem, réalisateur aux plus de 1000 films réputé tant pour sa rapidité à mettre en boîte que pour son respect des délais, et dont le “Tobor the great” laisse entrevoir le strict minimum entrepris à son égard : peu d’ambitions cinémathographiques à l’écran (mise en scène sans relief, digne d’une production de base pour la télévision), une histoire succincte étirée sans grand génie sur près d’1h20 (on tente de découvrir les secrets du robot à envoyer dans l’espace), et un personnage principal en retrait (Tobor, le robot donc, se révéle réellement qu’au bout d’une heure passée), l’ensemble se renvoit habilement la balle dans une réalisation archaïque, manichéenne et surtout “pataude”. L’interêt subsistant provient donc du robot (que l’on voit malheureusement trop peu), une jolie petite merveille des effets spéciaux (et l’un des plus beaux du genre) et dont le nom, Tobor, n’est rien d’autre que l’anagramme de “robot”.
La majeure partie des acteurs eurent une carrière des plus considérables et, bien que la plupart continuèrent pour la télévision, on notera la présence de Charles Drake (ici dans le rôle du Dr Harrison), apperçu en shérif dans l’excellent “It came from outer space” de Jack Arnold. On mentionnera aussi Steven Geray, le “chef des espions”, qui joua dans “Le fantôme de l’opéra” d’Arthur Lubin.
Sur les toiles françaises en 1957, soit 3 ans après avoir connu l’amérique, “Tobor the great” obtint, au même titre que son affiche, un nom d’exploitation mensonger : “Le maître du monde” ; la publicité montre ainsi Tobor tenant une femme dans ses bras alors que, justement, le film est dépourvu de cette séquence et de tout personnage féminin “convaincant”.
“Tobor the great”, en dépit de son caractère formel et de sa pauvreté artistique et scénaristique, reste un divertissement familial charmant, typé “années 50” et qui ravira non seulement l’amateur de science-fiction, mais aussi le spectateur curieux, à la seule condition d’avoir gardé son esprit d’enfant.


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- Article rédigé par : Benjamin Auriche

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