Tôkyô Bordello

Un texte signé Chrystelle Cavaglia

Japon - 1987 - Hideo Gosha
Interprètes : Yuko Natori, Rino Katase, Jinpachi Nezu, Sayoko Ninomiya, Ken Ogata

TOKYO BORDELLO, énième incursion de Gosha dans le monde des geishas, est un film réaliste et sombre sur la prostitution, un commerce légal dans la société japonaise au début du XXè siècle. Avec ce drame historique, le réalisateur nous montre la dure et tragique vie des geishas du Yoshiwara, le plus grand quartier des plaisirs de Tokyo entre 1900 et 1940, date où il fût entièrement détruit par un incendie.
En 1907, Hisano (Yuko Natori) arrive au Yoshiwara afin de devenir geisha. Elle vient d’être vendue pour rembourser les dettes de son père, homme d’affaire dans la marine marchande qui suite à un accident se retrouve ruiné. Après une visite chez le médecin qui lui impose un examen gynécologique des plus froids et désagréables, Hisano est présentée aux trois grandes geishas : Yoshizato, Kobana et la plus respectée Kokonoe. Cette dernière est alors chargée de la former à l’art des plaisirs. Hisano, jeune fille docile et résignée accepte finalement son sort et fait face à son destin…
On retrouve dans ce TOKYO BORDELLO les mêmes thèmes que dans YOHKIRO LE ROYAUME DES GEISHAS : l’aliénation, la vie misérable et le destin tragique de femmes désespérées mais mis en scène de façon moins romancés et idéaliste. Gosha nous dévoile ici le monde sordide de Yoshiwara et la cruelle réalité de ces prostitués qui ne peuvent échapper à leur condition. Certaines deviennent folles ou se suicident, d’autres se saoulent au saké pour tenir le coup. Rares sont celles, comme Kokonoe, qui réussissent à régler leurs dettes et à s’en aller. Encore plus rares sont celles qui retrouvent une vie normale. Hisano, quant à elle, finit par accepter son métier comprenant qu’elle ne pourra jamais plus s’adapter à une autre existence, et rêve d’être la première grande geisha lors du défilé traditionnel.
Le réalisateur toujours soigneux dans sa narration, qui demeure tout de même un peu lente, adopte une certaine linéarité qui s’harmonise parfaitement avec l’évolution du personnage principal et son ascension sociale.
Le tout est filmé dans des décors grandioses. On a droit à une véritable reconstitution minutieuse du quartier des plaisirs de Tokyo de l’époque, ce qui apporte une touche historique au métrage. Avec des couleurs et un éclairage travaillés qui mettent en valeur les personnages et les décors, Gosha nous prouve une fois de plus son talent. Notons également l’originalité du générique du début réalisé avec les superbes pastels du dessinateur Shinichi Saito.
Les actrices incarnant les geishas sont très belles et offrent une interprétation touchante.
TOKYO BORDELLO s’avère donc un film triste et grinçant où l’univers des geishas est dépeint de manière désabusée.


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- Article rédigé par : Chrystelle Cavaglia

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