Tôkyô Zombie

Un texte signé Michaël Guarné

Japon - 2005 - Sakichi Sâto
Interprètes : Tadanobu Asano, Sho Aikawa, Erika Okuda, Arata Furuta

Après le polar GOKUDO DEKA, moyen métrage sorti directement en vidéo, Sakichi Satô, scénariste des GOZU et ICHI THE KILLER de Miike, réalise enfin son premier long au titre on ne peut plus explicite : Tôkyô Zombie, un petit bis prometteur. Malgré un budget plutôt serré, le casting est relativement alléchant puisque Tadanobu Asano (le ZATOICHI de Kitano, TASTE OF TEA) et Sho Aikawa (ZEBRAMAN) sont de la partie.

Les deux acteurs incarnent respectivement Fujio et Mitsuo, employés dans une entreprise d’extincteurs située à Edogawa, un quartier populaire de l’Est de Tôkyô. Comme dans le manga éponyme dont le film est tiré, les deux compères passent une bonne partie de leur temps de travail à pratiquer le Jiu-Jitsu. La capitale nipponne est devenue une sorte de dépotoir puisqu’un gigantesque volcan nommé le ‘Black Fuji’ sert de décharge à la population. Les habitants y viennent pour se débarrasser de tout et n’importe quoi : des déchets évidemment, mais également des cadavres. Les corps enterrés en ces lieux étant de plus en plus nombreux, ils finissent par revenir à la vie et croiser le chemin de Fujio et Mitsuo…
TOKYO ZOMBIE fait un peu penser à SHAUN OF THE DEAD, notamment sur l’aspect parodique du film de morts-vivants. Mais là où la bobine d’Edgar Wright arrive avec brio à concilier sérieux et second degré, celle de Sakichi Sâto fait uniquement dans l’absurde voire le non-sens. Il ne faut clairement pas être hermétique à cet humour loufoque typiquement asiatique pour apprécier un tant soi peu ce film, qui n’hésite pas à faire dans le vulgaire et l’amoral. Citons à cet égard la séquence où l’instituteur pédophile se prend des coups de pelle (BERNIE a visiblement marqué les esprits) par son ancien élève venu se venger. Les allusions pédophiles sont nombreuses d’ailleurs, Mitsuo demandant sans cesse à Fujio si l’instit’ en question a abusé de lui à l’époque. TOKYO ZOMBIE pourrait donc paraître gratuit à vouloir choquer pour choquer, le tout sous fond d’humour potache.
Mais le film sait aussi se montrer intelligent au détour de quelques scènes. La culture du divertissement y est notamment vue sous un regard acerbe. La bourgeoisie n’ayant que peu de possibilités en terme de loisir, des combats entre humains et zombies sont organisés afin d’amuser la ‘haute société’. Une idée plaisante à défaut d’être véritablement nouvelle, qui sera reprise par exemple dans le très bon comic book The Walking Dead. Un concept qui pourra aussi évoquer les uchronies du roman Wang de Pierre Bordage, dans lequel des esclaves réinventent des événements de l’Histoire afin de divertir la bourgeoisie. Pour en revenir au film, dur de ne pas rire devant la scène très visuelle durant laquelle un groupe de riches spectatrices, toutes plus irritables les unes que les autres, se fait asperger d’urine et d’excréments. Ou comment mettre tous les personnages de cet univers post-apocalyptique sur un même pied d’égalité…

TOKYO ZOMBIE demeure un bis très honnête. Souffrant de quelques temps mort, parfois maladroit, il n’en reste pas moins divertissant. Doté d’une bande son bien rock, le premier long-métrage de Sakichi Sâto est sans conteste un bon clin d’œil aux films de zombies anglo-saxons.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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