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Too dead for love : Electric erectus

Sexe, drogues et rock’n’roll… L’adage était particulièrement bien trouvé pour qualifier la vie que menait la bande de rockers qui semait la dépravation au sein de la jeunesse des années 90. Le roman Too dead for love rend hommage aux acteurs qui ont défrayé la chronique !

À l’époque, la situation était si inquiétante, qu’une association s’est érigée pour tenter de circonscrire le Mal.

Créé par des biens-pensants dopés à la parole divine, la Parents Music Resource Center dénonçait l’évocation du sexe, de la violence, du satanisme et de l’utilisation d’alcool et de drogues dans l’univers de la musique. En brandissant leur célèbre logo, les protecteurs de la bienséance se battaient pour avertir et extraire les adolescents de cette débandade civilisationnelle.

Parental_Advisory

Blackie, Dee, Vince, Tommy, Nikki, Richie et les autres…

Les coupables désignés faisaient du Glam Metal, également connu sous le nom de Sleaze Metal ou Hair Metal (en raison des coupes de cheveux permanentées, déjà kitch à l’époque, qu’arboraient fièrement les musiciens). De même, l’identité des leaders des groupes hérétiques était également notoire : Ozzy Osbourne de Black Sabbath, Axl Rose des Guns N’ Roses, Blackie Lawless de WASP, Jon Bon Jovi de Bon Jovi, Vince Neil des Mötley Crüe, Dee Snider des Twisted Sister. Le parrain de tout ce beau monde n’était personne d’autre que : Alice – Fucking – Cooper !

Le plus incroyable est que certains sont encore en vie, malgré la vie dissolue qu’ils ont menée… Pensez que Ozzy Osbourne est toujours vivant au moment d’écrire ces lignes alors qu’il ne s’est certainement pas contenté de manger cinq fruits et légumes par jour…

Dans Too dead for love, ces héros d’un temps révolu jouent leur propre rôle de stars du rock décomplexées. L’auteur Cräzy Crüe, que l’on imagine tout droit sorti de la même époque, s’amuse à imaginer les membres de la clique contaminés (évidemment sexuellement) par leurs groupies. La maladie transforme les plus chanceux en macchabées ambulants, purulents et dégoulinants. Les autres explosent, tout simplement. Les survivants parviendront-ils à découvrir la source de l’épidémie et à sauver le rock’n’roll ?

Et quand le camion arrive enfin, le lendemain matin, comme promis, je comprends très vite que la suite de cette histoire va être interdite aux moins de dix-huit ans dans pas mal de pays.

To do list : Adorer le diable, consommer des drogues, visionner des contenus à caractère pornographique…

C’est peu dire que Too dead for love est un bijou, un diamant inestimable, en particulier si les patronymes cités précédemment ne vous sont pas étrangers.

Le roman ultra référencé (les noms des groupes, les salles de concert, les paroles des chansons… une liste d’écoute est même suggérée…) invite à une plongée passionnante au début des années 90. Et à un retour plein de tendresse pour ceux qui ont connu cette période.

Tendresse ? En effet, Cräzy Crue parvient à rendre attachant des hurluberlus extravagants, foncièrement extrêmes, dotés même d’une bonne dose de démence.

En effet, l’écriture entièrement dévouée à rendre aimable des personnages crus et vulgaires n’est jamais inélégante ou obscène. Au point qu’on en finit même par espérer un happy end…

Too dead for love, c’est aussi des petits clins d’oeil au cinéma fantastique des années 80, ici La Mouche de David Cronenberg :

Sa peau se fend. Elle lui crie d’arrêter. Mais il ne l’entend pas, il ne l’entend plus – et pour cause, il n’a plus d’oreilles. Il redouble de violence, lui arrache un bras en essayant de l’attirer à lui pour l’embrasser. Sa langue sort de sa bouche. Et elle est si longue qu’il parvient à l’atteindre malgré la distance qui les sépare. Sauf que ce n’est plus vraiment une langue, c’est une véritable trompe qui se déroule ! Comme s’il était devenu une sorte de papillon ou d’abeille. Il lui butine les muqueuses, enfonce sa langue profondément dans sa gorge, pénètre son œsophage, descend jusque dans son estomac, se régale de ses sucs gastriques qu’il lape avec bonheur.

En épilogue, après avoir divisé les fans de métal (les réfractaires lui préféraient un rock moins glamour et encensaient les premiers albums de Metallica, Slayer, ou Mayhem qui égorgeait des poulets sur scène et brûlait des églises), le Glam Rock disparaîtra à l’aurore des années 90. Lui succéderont des groupes réconciliant garçons et filles comme Nirvana ou Radiohead puis, plus tard encore, Skillet et le rock chrétien… La boucle est-elle bouclée ?

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Le romand Too Dead For Love fait partie de la collection Karnage, comme Firenze Rossa :

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