Torino centrale del vizio

Un texte signé Philippe Chouvel

Italie - 1979 - Bruno Vani, Renato Polselli
Titres alternatifs : Lust, Turin Headquarter of Vice
Interprètes : Rita Calderoni, Raul Martinez, Tony Matera, Marina Daunia, Christina Hui, Sergio Baldacchino

En Italie, Mirco, un journaliste, s’éprend d’une très belle femme prénommée Helen. Ils se marient, mais un beau jour Helen disparaît. Trois années plus tard, durant lesquelles il a cherché sa femme sans relâche, il finit par la retrouver à Turin. Helen est une personnalité trouble, nymphomane, bisexuelle, aimant à se livrer à la prostitution. Mais surtout, elle est mêlée à un gang de trafiquants de drogue, pour qui elle blanchit de l’argent. Il va sans dire que les membres de cette organisation voient d’un très mauvais œil les retrouvailles du couple, et vont tout faire pour dissuader le journaliste de récupérer sa femme.
Film pour le moins obscur réalisé à la fin des années 1970, TORINO CENTRALE DEL VIZIO attise la curiosité par un titre plutôt racoleur, laissant penser qu’il pourrait s’agir d’un poliziottesco tardif, comme l’Italie put en produire durant des années à l’époque des brigades rouges. En réalité, il n’en est rien, et ce n’est pas plus une œuvre érotique malgré les thèmes abordés, à savoir le vice, le sexe et le stupre. Non, en réalité, LUST (titre d’exploitation américain, signifiant « désir ») est un drame, une sorte de roman-photo indigeste dans lequel un couple tourmenté passe son temps à se perdre, puis à se retrouver, pour se perdre à nouveau, etc…
Ce long métrage a été réalisé par un inconnu, Bruno Vani, qui débutait pour l’occasion en tant que metteur en scène. Sa carrière dans ce domaine se limitera par la suite à trois ou quatre films pornographiques de troisième zone, avant qu’il ne retombe dans l’oubli qui lui était destiné. En ce qui concerne TORINO CENTRALE DEL VIZIO, Bruno Vani fut assisté de Renato Polselli, cinéaste subversif auteur d’œuvres aux titres particulièrement évocateurs (RIVELAZIONI DI UNO PSICHIATRA SUL MONDO PERVERSO DEL SESSO, QUANDO L’AMORE E OSCENITA). Polselli est également scénariste du film, dans lequel on retrouve d’ailleurs son actrice fétiche, Rita Calderoni, qui joua dans son giallo pour le moins atypique, AU DELA DU DESIR (sorti aussi sous le titre LE SEXE EN DELIRE), et dans le non moins démentiel RITI, MAGI NERE E SEGRETE ORGE NEL TRECENTO…
La présence de la belle actrice italienne au générique pourrait paraître de bon augure pour tout amateur de cinéma d’exploitation qui se respecte. Hélas, celui-ci va rapidement déchanter à la vision de LUST, le désir se transformant assez vite en dégoût devant le spectacle insipide qui lui est proposé. Jamais la plastique de l’actrice n’aura été aussi peu mise en valeur, et rarement elle n’aura paru aussi terne à l’écran. Mais d’une manière générale, on constate une direction d’acteurs quasi-inexistante, et cela est donc valable pour les autres membres du casting, qu’il s’agisse de l’acteur mexicain Raul Martinez (UNE JEUNE FILLE NOMMEE JULIEN) ou de Marina Daunia, aperçue dans les deux nazisploitations de Bruno Mattei : HOTEL DU PLAISIR POUR SS et KZ9-CAMP D’EXTERMINATION. Bref, les amateurs de Rita Calderoni pourront toujours se consoler en visionnant LES NUITS PERVERSES DE NUDA, de Luigi Batzella, qui ne cache rien des charmes de l’actrice, ce qui n’est pas le cas de TORINO CENTRALE DEL VIZIO.
Qui plus est, il apparaît incroyable que pas un coup de feu ne soit tiré dans un film mettant en lice une organisation de trafiquants de drogue, et pourtant… L’action (pour peu que l’on puisse employer ce terme) se limite à deux scènes de bagarre à mains nues (et à coups de fourche, même si les protagonistes utilisent ces armes avec prudence afin de ne pas risquer de se blesser) et à une poursuite de voitures aux allures de visite touristique.
Que peut-on rajouter à ce constat peu flatteur ? Que les cinq premières minutes du film possèdent bien la « patte » de Renato Polselli. On y apprend l’origine de la passion dévorante de Mirco pour Helen, celle-ci lui rappelant… sa mère ! En quelques phrases, Polselli fait le tour de ses obsessions principales : la psychanalyse, l’inceste, la folie, etc… Mais la suite de l’intrigue, alternant flashbacks et temps présent, s’avère bien plus ordinaire et sans grand intérêt. L’ennui gagne le spectateur, et ne le quittera qu’au mot « Fin ». Une fin en forme de happy-end romantique confortant l’idée d’avoir assisté à un roman-photo animé tourné par un duo de réalisateurs en mal d’inspiration.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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