BIFFF 2016review

Traders

Harry et Vernon sont traders. Licenciés depuis peu, ils vivotent chacun de leur côté. Harry trouve un métier peu valorisant, tandis que Vernon retourne chez sa mère. Amoureux de sa voisine et peu à l’aise dans ses rapports avec les autres, il s’accroche à un projet qu’il juge brillant : créer un site internet pour traders prêts à tout. Ils doivent récupérer en argent liquide tout ce qu’ils possèdent, préciser la somme qu’ils ont récupérée sur le site et, si quelqu’un accepte le défi, ils se rencontrent pour un match à mort, le vainqueur partant avec l’argent mise en jeu par l’autre. Bien entendu, il positionne son site sur le dark web, et passe beaucoup de temps à codifier des règles précises. Son projet en place, il va trouver Harry, qui le prend pour un fou, avant d’oser se lancer dans l’opération, mais sans Vernon.

Rachael Moriarty et Peter Murphy écrivent et réalisent TRADERS, qui est comparé à un FIGHT CLUB irlandais. Rachael Moriarty a déjà réalisé plusieurs courts-métrages, en collaboration avec Peter Murphy, ainsi que des épisodes pour de séries télévisées. Le film, présenté durant la 34ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival, a remporté le prix 7ème parallèle, pour lequel il était sélectionné. Un prix mérité, tant le film vaut le détour

Il est vrai, la filiation avec FIGHT CLUB est perceptible, derrière le côté combats clandestins, et derrière la voix off de Harry (Killian Scott, impeccable), qui envahit la salle de cinéma de ses pensées, réflexions, tout en cynisme. Cependant, TRADERS part dans des thématiques totalement différentes, qui font du film de Moriarty et Murphy une œuvre à part avec une véritable identité.
En effet, TRADERS joue sur les effets de la crise et la nécessité de l’argent pour vivre, là où FIGHT CLUB secouait par son chaos et son besoin d’anarchie. TRADERS plonge le spectateur dans une abîme de réflexion, alors que la vie devient difficile, qu’il est de plus en plus dur de trouver de l’argent, et qu’il est de plus en plus nécessaire d’en avoir pour vivre. Vernon, en calculant d’une part le montant exact dont il a besoin pour finir sa vie, et en cherchant à poser un prix sur la vie des gens, fait sévèrement réfléchir, et le spectateur, devenu voyeur, ne peut s’empêcher de se questionner sur la manière dont il agirait s’il découvrait le même genre de site internet.
Brillant dans son écriture et cynique dans son propos, TRADERS va jusqu’au bout de ses thématiques sans en dévier, sans faire marche arrière. Le film sait se faire violent, et évite les longs tunnels dialogués, mais est aussi bourré d’un humour noir omniprésent, qui rend TRADERS extrêmement ludique sans jamais s’éloigner de son propos.
C’est l’intelligence du film, qui permet de se laisser aller et de profiter de ce spectacle aussi intelligent qu’amusant, mais qui questionne sur l’amusement ressenti. Ainsi, le spectateur se retrouve quelque peu mis à mal, et public comme critiques du BIFFF l’ont bien compris. Entre les réactions et les applaudissements en fin de film, et la récompense donnée par le jury, TRADERS mérite amplement d’être mis en avant, et il reste à présent à souhaiter une diffusion en salle ou en DVD.

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