Tragic Ceremony

Un texte signé Nassim Ben Allal

Italie/Espagne - 1972 - Riccardo Freda
Interprètes : Camille Keaton, Tony Isbert, Maximo Valverde, Luigi Pistelli

Trente-septiéme film de cet artisan du cinéma populaire européen qu’était Riccardo Fredda, TRAGIC CEREMONY est l’un de ses moins connu. Tournée en 1972, il s’agit de l’une de ces dernière œuvres puisqu’il ne tournera que deux autres films par la suite, et très espacés dans le temps. Regroupant une solide équipe de comédiens dont Camille Keaton (transfuge de MAIS QU’AVEZ-VOUS FAIT A SOLANGE et future Jennifer Hills de DAY OF THE WOMAN) et Luigi Pistelli (TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLE de Sergio Martino) ainsi que de techniciens chevronnés comme Mario Bianchi au scénario et surtout le maître es-effets spéciaux Carlo Rambaldi (ALIEN, E.T), Fredda propose une histoire horrifique sur fond de satanisme.
Quatre amis, trois garçons et une fille, Jane, se retrouvent en panne sèche dans la campagne anglaise alors qu’ils rentrent de week-end. Surpris par un orage, ils trouvent refuge dans un grand manoir bourgeois, accueillis à bras ouverts par les très conviviaux maîtres des lieux. Mais alors qu’ils s’apprêtent à passer la nuit sur place, les quatre jeunes découvrent que leurs hôtes préparent une messe noire dans leur cave et s’apprêtent à sacrifier Jane…
Construit en deux temps et fort de deux atmosphères distinctes, TRAGIC CEREMONY est une curiosité pour tout amateur de film de genre européen, et plus encore pour qui aime les précédents opus de son réalisateur. Mais qui dit curiosité, ne dit pas forcément chef d’œuvre.
Fredda commence par instiller une atmosphère de slasher (et ce, avant la déferlante de la fin des années soixante-dix post HALLOWEEN) avec son groupe de jeunes livré à lui-même dans une nature hostile de laquelle peut surgir le danger, avant de basculer dans une horreur gothique plus proche de sa sensibilité. Il en résulte alors un film malheureusement déséquilibré, à la première partie hystérique, tournée caméra à l’épaule de manière tremblante et maladroite (le steadycam n’est pas encore inventé) et une seconde partie bien plus posée et réfléchie sombrant peu à peu dans le fantastique victorien. Entre ces deux atmosphères, une scène de massacre virtuose fait le lien, efficacement réalisé et dotée de somptueux effets de maquillages. Malgré tout, l’avant et l’après sont assez mornes, la faute en incombant à un scénario paresseux et bien trop bavard. Beaucoup de détails sont inutiles et noient l’intrigue principale. Si un vrai travail est accompli sur l’écriture de l’un des personnages principaux (et cette construction dramatique ne sert jamais), les autres ne sont que des pantins agités au gré des trop peu nombreuses péripéties. TRAGIC CEREMONY peine à démarrer et il est ensuite plombé par des dialogues trop lourds de sens et un twist passable, mais gâché par une explication pseudo-scientifique aussi longue qu’inutile. Si l’amateur reconnaîtra certains décors de nombreux films d’horreur de l’époque, le film verse parfois dans le comique involontaire lorsqu’il s’agit de faire passer la campagne italienne et ses paysages si connotés pour le centre de l’Angleterre. Au final, TRAGIC CEREMONY (dont le titre original, ESTRATTO DAGLI ARCHIVI SGRETI DELLA POLIZIA DI UNA CAPITALE EUROPEA, littéralement Extrait des archives secrètes de la police d’une capitale européenne, est bien plus intriguant et surfe sur la mode des Mondo) est décevant compte tenu de son réalisateur mais peut se regarder d’un œil nostalgique pour tous les passionnés de films fantastiques de cette époque.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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