Traquenard

Un texte signé André Cote

USA - 1949 - Richard Fleischer
Titres alternatifs : Trapped
Interprètes : Lloyd Bridges, Barbara Payton, John Hoyt, James Todd, Russ Conway.....

Pour endiguer la circulation de faux billets, le FBI propose au faux-monnayeur Tris Stewart une libération en échange de l’identité de ses complices. Stewart parvient à s’échapper, mais alors qu’il reprend ses activités illégales, il ne se rend pas compte qu’il est suivi par l’agent John Downey.

Avec des titres tels que L’ETRANGLEUR DE BOSTON (où Tony Curtis, déjà au sommet de sa gloire, interprétait l’inquiétant rôle éponyme), LES VIKINGS (avec un incroyable Kirk Douglas borgne) ou encore 20 000 LIEUX SOUS LES MERS (le classique de Disney), le fait que le nom du réalisateur Richard Fleischer soit méconnu du grand public reste un mystère. Néanmoins, avant de mettre en scène ces œuvres marquantes, il fut un temps où le cinéaste a dû faire ses preuves. Il apprend donc son métier par l’intermédiaire de petites séries B tels que ce TRAQUENARD (ou TRAPPED en VO). Les longs-métrages qui sortent de ce circuit de production sont, d’ordinaire, caractérisés par la présence de techniciens blasés derrière la caméra. De sorte que le spectateur ressent souvent une impression de routine à la vision de ces pellicules.
Or, ce TRAPPED va témoigner d’un tournant dans la carrière de Fleischer. Il affiche ici la volonté d’imposer sa patte, aussi infime soit-elle, dans une production calibrée.
Cette nouvelle orientation du cinéaste s’exprime tout d’abord dans le casting. En effet, les têtes d’affiche sont ici Lloyd Bridges (un des acteurs les plus prolifiques du cinéma américain, que les cinéphiles de plus de trente ans connaissent entre autres pour avoir incarné le Président des HOT SHOTS !) et John Hoyt. Deux acteurs que le physique ne prédestinait pas aux rôles qu’ils interprètent ici : Bridges a tout du jeune premier alors qu’il incarne le malfaiteur dur à cuir, et le visage rude de Hoyt l’aurait amené plus volontiers à camper un malfrat et non un agent du gouvernement. De la sorte, les attentes du spectateur sont prises à rebrousse-poil.
En dehors de la singularité du casting, Fleischer expérimente aussi au niveau de la direction artistique. En guise d’exemple, on peut citer ce combat dans la pénombre au cours duquel le réalisateur empêche le spectateur de pouvoir identifier les deux protagonistes durant leur échange de coups. L’effet obtenu est un suspense décuplé, puisque le public ne perçoit que les mouvements portés et non les personnages, réduits à des silhouettes. On ne discerne ni leurs visages, ni la couleur de leurs vêtements. De cette manière, nous pouvons assister aux différentes phases du combat sans être privé du suspense, aussi infime soit-il, portant sur l’identité du vainqueur. Le résultat est si concluant que nous retrouvons le même type de scène dans les long-métrages ultérieurs de Fleischer.
L’histoire en elle-même est assez classique. Nous voyons les deux personnages suivre leur cheminement. D’un côté, le faussaire reprend ses activités et se réinsère dans le grand banditisme. De l’autre, l’agent du FBI prépare minutieusement son opération afin de piéger les malfrats. La tension est palpable lorsque l’un se sent guetté et que l’autre prend toutes les précautions pour éviter de se faire repérer.
Par conséquent, nous avons un sentiment mi-figue mi-raisin face à cette pellicule des années 40. Si Richard Fleischer parvient à glisser quelques touches personnelles, il échoue à transcender le genre. Néanmoins, compte tenu des contraintes de l’époque, on peut se montrer quelque peu indulgent. Après tout, les temps morts sont peu nombreux, les personnages sont torturés à souhait et l’ambiance oppressante est bien retranscrite. En outre, quel plaisir de revoir le défunt Lloyd Bridges au début de sa carrière !


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- Article rédigé par : André Cote

- Ses films préférés : Dark City, Le Sixième Sens, Le Crime Farpait, Spider-Man 3, Ed Wood

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