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Tre Volti del Terrore, i

Sous ce titre en forme d’hommage aux TROIS VISAGES DE LA PEUR de Mario Bava, se cache en fait un film qui reprend la trame principale de l’inégal TRAIN DES EPOUVANTES de Freddie Francis. C’est-à-dire la rencontre entre un étrange personnage et les passagers d’un train auxquels sera révélé leur avenir dans LE TRAIN, ou une part oubliée de leur passé, ici. Leur destination est l’au-delà dans les deux cas.
Une reprise à la limite du plagiat, qui n’en demeure pas moins sympathique compte tenu de la personnalité de ses instigateurs : Sergio Stivaletti, maître des effets spéciaux et réalisateur du fort bon MASQUE DE CIRE, et Antonio Tentori, co-scénariste et spécialiste du cinéma de genre italien. D’autant que seul le récit qui sert de fil rouge entre les trois sketches est ici repris, puisque ceux-ci s’avèrent heureusement inédits.
Bien que numérique, l’image de TRE VOLTI DEL TERRORE n’en est pas moins très soignée. La réalisation est travaillée, avec une caméra en mouvement et des cadrages réussis. La musique est parfois diablement efficace lorsqu’elle se met à sonner comme du Goblin. Les effets spéciaux sont irréprochables, compte tenu du faible budget dont a disposé Sergio Stivaletti. C’est un plaisir !
La première histoire narre la transformation d’un pilleur de trésors en loup-garou. Quelques scènes (gentiment) gores et une belle transformation lycanthropique pourraient convaincre si le scénario n’était pas aussi plat. Ce n’est pas la poursuite d’une jolie italienne en maillot de bain par ledit loup-garou qui y change hélas quoi que ce soit !
Un Viso Perfetto (Dr. Lifting) part d’un thème plus original (un chirurgien esthétique fou qui s’en prend à ses patientes) sans malheureusement en explorer tout le potentiel. A signaler malgré tout quelques scènes efficaces de suspense, absentes du premier sketch, et une opération faciale qui rappelle LES YEUX SANS VISAGE de George Franju. Sans oublier une apparition clin d’oeil de Lamberto Bava sur le tournage de DEMONI 7 !
La dernière histoire est la plus excitante du lot. Plus rare, elle nous présente l’agression au bord d’un lac de trois campeurs par un monstre tentaculaire. Le monstre est vraiment très réussi, même si le traitement scénaristique ne vaut une fois de plus pas grand-chose. C’est malgré tout le seul sketch avec une chute, certes pas géniale, mais réussie. Ce qui nous rappelle que la chute maîtrisée est tout un art, et que n’est pas Robert Bloch ou Frédric Brown qui veut.
Notons à ce propos une excellente trouvaille : les trois sketches sont brutalement coupés et ne sont achevés qu’en fin de métrage. Ce procédé original étonne et captive… Dommage que ces fins successives ne soient pas à la hauteur de notre attente !
John Philip Law apparaît dans les trois courts-métrages et ça fait plaisir de revoir l’acteur de DANGER DIABOLIK de Mario Bava et de LA MORT ETAIT AU RENDEZ-VOUS de Giulio Petroni.
TRE VOLTI DEL TERRORE est donc un film bien réalisé mais à la pauvreté d’inspiration évidente. Conçu avec une véritable passion pour le genre, il ne lui rend hélas jamais justice à cause de son scénario beaucoup trop convenu. Un film à sketches se doit de présenter des histoires fortes et extrêmement bien scénarisées, de même que l’exercice de la nouvelle littéraire est peut-être encore plus exigeant que celui du roman. C’est loin d’être le cas ici. Même si Sergio Stivaletti possède un savoir-faire évident, il ne convainc hélas pas complètement avec ce second film, à voir malgré tout pour l’excellence de ses effets spéciaux. Peut-être que davantage de rigueur et d’exigence auraient permis d’annoncer le grand retour du cinéma d’horreur italien !

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