Twilight Samuraï

Un texte signé André Quintaine

Japon - 2002 - Yoji Yamada
Titres alternatifs : Tasogare Seibei
Interprètes : Hiroyuki Sanada, Rie Miyazawa, Nenji Kobayashi, Min Tanaka, Ren Osugi, Mitsuro Fukikoshi

Si vous êtes un fan exclusif de Jean-Claude Vandamme, ou si vous mourez d’impatience de voir sortir le prochain Steven Seagal, passez votre chemin car nous allons ici vous parler de sentiments profondément humains, d’honneur et du respect des traditions. J’aime bien Jean-Claude Vandamme, mais là, c’est quand même autre chose. TWILIGHT SAMURAI a connu un succès important au Japon et a récolté un nombre de prix non moins important. C’est assez rassurant de voir que les gens savent encore reconnaître un bon film.

TWILIGHT SAMURAI a déjà le mérite de mettre en scène le très (trop ?) beau Hiroyuki Sanada dont je suis tombé sous le charme depuis RING. Mon homosexualité refoulée est mise à rude épreuve, mais ça fait déjà un bon point pour le film ! Plus sérieusement, Hiroyuki Sanada donne vie (et c’est peu de le dire, tant sa prestation est juste) à Iguchi. Iguchi est un samouraï de rang inférieur. Il est très pauvre et, depuis la mort de sa femme, élève seul ses deux jeunes filles et sa mère complètement sénile. Dit comme ça, en effet, TWILIGHT SAMURAI pourrait s’annoncer comme étant un film d’une tristesse absolue. Mais ce n’est absolument pas le cas.

Même si le film se déroule à une période reculée de l’histoire du Japon, il n’en est pas moins une critique de notre société actuelle. Nous vivons dans un monde de consommation dans laquelle notre seul et unique but reste de consommer. Consommer, et posséder, voilà nos vraies valeurs. Iguchi, lui, incarne un homme vivant dans une pauvreté certaine. Il est le sujet des railleries des autres samouraïs car son kimono est troué et qu’il sent mauvais. Seul, il doit veiller à élever ses filles, à aider aux tâches ménagères… Il n’a donc guère le temps de se laver ou encore d’accepter leurs invitations à aller boire un verre après le travail.
TWILIGHT SAMURAI pourrait facilement tomber dans le larmoyant, mais le film de Yoji Yamada a un tout autre message à faire passer. Iguchi s’avère en réalité un homme heureux. Même s’il vit dans la misère, il sait s’accommoder de son rang social et voir où se trouve le vrai bonheur en regardant ses enfants grandir.
C’est ici que TWILIGHT SAMURAI trouve toute sa justesse en peignant le portrait d’un homme d’une grande sagesse. Tout laisse à penser qu’il ne peut être que malheureux. Pourtant, il a su trouver le bonheur dans la simplicité et la dignité et non dans l’ambition.
La mise en scène est naturellement à la hauteur. On peut d’ailleurs difficilement trouver une réalisation plus juste. TWILIGHT SAMURAI est en effet extrêmement sobre. Aucun effet facile n’est à déplorer et la mise en scène de Yoji Yamada sait s’effacer devant les sentiments mis en exergue par les personnages. Hiroyuki Sanada n’est certainement pas un grand acteur (n’est pas Klaus Kinski qui veut), mais son interprétation de Iguchi est absolument parfaite.

Même si le propos de TWILIGHT SAMURAI n’est nullement là, le film comporte néanmoins deux scènes de sabre, mais c’est surtout la dernière que l’on retiendra. Yoji Yamada a choisi de la filmer de manière réaliste. On ne tombe pas net mort d’un coup de sabre et dans cette séquence, les protagonistes voient leur sang couler abondamment avant de clore le combat. Aussi réaliste soit-elle, cette scène est également touchante car profondément humaine en opposant deux destins identiques. Juste avant cette séquence, on trouve un autre moment de toute beauté mais dont je ne peux pas parler sans prendre le risque de trop dévoiler l’intrigue. La dernière demi-heure de TWILIGHT SAMURAI représente d’ailleurs ce que le cinéma peut fournir de plus riche en émotion.
S’il n’y avait qu’un seul film à voir dans cette rubrique, cela serait certainement celui-là.


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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