Ultime Violence

Un texte signé Philippe Chouvel

Italie - 1977 - Sergio Grieco
Titres alternatifs : La Belva Col Mitra, Beast with a Gun, The Mad Dog Killer
Interprètes : Helmut Berger, Richard Harrison, Marisa Mell, Marina Giordana

Créées en 1970, les Brigades Rouges, issues du CPM (Collettivo Politico Metropolitano) ont terrorisé l’Italie pendant un peu plus d’une décennie. Au départ mouvement anarchique, contestataire, défenseur du prolétariat, cette organisation s’est peu à peu transformée en force terroriste, menant des actions particulièrement violentes à partir de 1975 (enlèvements, attentats, exécutions…). C’est également à partir de cette période que de nombreux metteurs en scène vont s’inspirer des méfaits des Brigades Rouges pour réaliser une multitude de polars sombres, ultra violents, reflétant avec réalisme le climat d’insécurité qui régnait alors dans le pays. Umberto Lenzi, Lucio Fulci, Mario Caiano, Sergio Martino, Ruggero Deodato et Fernando Di Leo, entre autres, vont livrer des œuvres remarquables dans le genre. Moins spécialisé dans le polar, mais cinéaste expérimenté, Sergio Grieco apporte sa contribution avec ULTIME VIOLENCE, même si le film s’éloigne parfois des schémas habituels du polar urbain.
Nanni Vitali (Helmut Berger) s’évade de prison avec trois complices. Un cinquième homme, au volant d’une Mercedes, les attend. La bande a pris un gardien en otage. Très vite, les criminels sont pris en chasse par le commissaire Giulio Santini (Richard Harrison). Durant la poursuite, les malfrats éjectent leur otage du véhicule et se débarrassent provisoirement de Santini, dont la voiture finit en flammes dans le fossé.
Il vient certes de s’évader, mais après avoir déjà passé trois ans en prison, Vitali a les crocs. Ironie du sort, il doit sa condamnation au père de Santini, un juge d’instruction intègre. Néanmoins, pour l’heure, Nanni Vitali tient avant tout à mettre la main sur l’informateur qui l’a « balancé ».
Avant de fondre sur leur proie, Vitali et sa bande auront pris le temps de changer de véhicule, en délestant sans ménagement le jeune couple qui l’occupait, et de bastonner sauvagement les employés d’une station service, tout cela pour un plein d’essence et quelques malheureux billets. Le film a commencé depuis peu et le spectateur n’a plus aucun doute quant à la moralité de la bande à Vitali : on a vraiment affaire à des gens sans scrupules, et dont la violence ne connaît aucune limite.
Cette folle journée de cavale s’achève dans une carrière abandonnée, où Nanni Vitali et ses complices ont amené l’informateur en question, accompagné de sa maîtresse Giuliana (Marisa Mell). Après avoir été copieusement rossé, le « traître » assiste impuissant au viol de sa compagne par Vitali. Puis, tandis que le crépuscule commence à envahir les lieux, les hommes de Vitali creusent une tombe, éclairés par les phares de leur véhicule. L’intensité dramatique atteint son apogée lorsque l’informateur est jeté dans la fosse, encore conscient, puis recouvert de chaux vive !
L’escalade dans la violence ne va pas s’arrêter là, bien évidemment. Nanni Vitali a besoin d’argent, et dans les plus brefs délais. Il garde Giuliana en liberté surveillée, la jeune et jolie femme lui servant de maîtresse et de lien pour le coup qu’il projette : un hold-up dans une usine, dont le gardien-chef n’est autre que le père de Giuliana.
Sergio Grieco, en vieux briscard qu’il était, ne s’est pas contenté de réaliser un simple polar nerveux. ULTIME VIOLENCE s’attache aussi aux valeurs de la famille : Giuliana retrouvant un père qu’elle ne voyait plus depuis des années, la sœur aînée de Nanni attachée malgré tout à son frère, et Santini prêt à affronter tous les dangers pour secourir son père et sa propre sœur.
L’opposition de style des deux acteurs principaux est intéressante à plus d’un titre. D’un côté : Richard Harrison, qui, après avoir écumé les peplums, films d’aventures, westerns et polars pendant deux décennies, achève sa carrière dans de médiocres séries B depuis les années 80 (sans omettre sa présence inattendue dans ORGASMO NERO, de Joe D’Amato). De l’autre : Helmut Berger, révélé par LUDWIG de Visconti, en 1972, et inoubliable Wallenberg dans SALON KITTY, de Tinto Brass.
N’oublions pas Marisa Mell, qui composait près de dix ans auparavant une superbe Eva Kant dans le DIABOLIK de Mario Bava. L’actrice (née en Autriche comme Helmut Berger), avait déjà tourné avec Sergio Grieco dans MISS DYNAMITE, en 1972. Mais on se rappelle surtout de ses « doubles » rôles dans les gialli SEVEN BLOOD-STAINED ORCHIDS, d’Umberto Lenzi, et LA MACHINATION (Una Sull’Altra), de Lucio Fulci, dans lesquels elle avait démontré ses talents d’actrice. Elle connut bien des déboires par la suite et un cancer l’emporta en 1992. ULTIME VIOLENCE sera le dernier film de Sergio Grieco. Il mourra cinq ans plus tard à l’âge de 65 ans. Il a essentiellement réalisé des films d’aventures (LA REINE DES BARBARES) et d’espionnage (OPERATION LOTUS BLEU, FUREUR SUR LE BOSPHORE), et ce durant les années 60, mais aussi un film à ranger dans la catégorie des « Nunploitation » : SINFUL NUNS OF SAINT VALENTINE , en 1974.


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- Article rédigé par : Philippe Chouvel

- Ses films préférés : Femina Ridens, Les Démons, Danger Diabolik, L’Abominable Docteur Phibes, La Dame Rouge Tua 7 Fois

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