Un merveilleux dimanche

Un texte signé Sophie Schweitzer

Masako et Yuzo forment un couple désargenté qui erre dans un Tokyo en ruine se remettant péniblement de la guerre. Le jeune couple tente de trouver de quoi occuper cette journée qu’ils ont rien que pour eux. Avec seulement 35 yens en poche, le couple va rapidement comprendre qu’il va falloir faire preuve de débrouillardise et surtout d’imagination pour trouver de quoi s’occuper sans déprimer.

Décrivant un Japon désolé et appauvri par la guerre, UN MERVEILLEUX DIMANCHE ne fait cependant pas dans la mélancolie et évite justement de tomber dans les écueils du film sociétal. S’il dépeint tout à fait la société nippone de cette époque en s’attardant sur ce jeune couple plein de promesses, d’espoirs et d’imagination, le cinéaste fait preuve d’une mise en scène poétique et inventive qui fait la part belle à l’imagination comme lors de la scène de concert, mais aussi à l’émulation du spectateur qui se retrouve, in fine, à la place de ce jeune couple, à la recherche d’émerveillement.

On sent bien dans le film le talent du cinéaste qui sera consacré par la suite. À l’époque, en 1947, Akira Kurosawa en est au début de sa carrière qui a débuté pendant la Seconde Guerre mondiale et ses premiers films ont été fortement marqués par celle-ci. On y sent la censure comme l’esprit patriotique attendu. Avec la fin de la guerre, la censure américaine reste néanmoins présente, mais le film s’avère finalement être plus proche d’un « feel good movie » et passe ainsi entre les mailles du filet. Pourtant, par son caractère et la vision de la société japonaise anéantie par la guerre et tentant par tous les moyens de persévérer, UN MERVEILLEUX DIMANCHE n’est pas tout rose.

Malgré l’oppression qu’on peut sentir et le manque de moyen, le cinéaste démontre tout son talent par une certaine originalité, un sens de l’à-propos et surtout une poésie présente dans la mise en scène tout autant que dans l’utilisation du son et de la musique, mais aussi dans le choix des acteurs avec la bouille pleine de naïveté de l’héroïne ou encore la démarche presque « Hulot » du héros. En cela, UN MERVEILLEUX DIMANCHE est à rapprocher de la nouvelle vague, par son esprit moderne, inventif et quelque part relativement naïf, tout en gardant son essence nippone.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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