Uptake Fear
Un petit travailleur se laisse marcher sur les pieds par tout le monde. Il est ridiculisé au travail par ses supérieurs, mais aussi par les secrétaires, et les clients l’insultent. Sa voisine si ravissante sort avec une ordure qui se moque de lui chaque fois qu’il rentre chez lui, et qui n’hésite pas à tromper la délicieuse voisine, qui serait tellement mieux avec notre héros. Cependant il sent la colère enfler en lui et sait que, bientôt, il va craquer et rendre les coups de manière particulièrement violente.
Présenté en première mondiale et en compétition 7ème parallèle lors de la 34ème édition du Brussels International Fantastic Films Festival, UPTAKE FEAR est un voyage flirtant avec le surréalisme et difficilement compréhensible, qui semble regrouper deux moyens-métrages mis bout à bout, prenant le même protagoniste comme héros. UPTAKE FEAR nous provient du Brésil, et nous ne pouvons que remercier le Festival de nous permettre de découvrir des filmographies qui parviennent difficilement chez nous. Deux hommes sont derrière le film, Armando Fonseca et Kapel Furman, qui sont scénaristes tout autant que réalisateurs. Armando Fonseca a déjà réalisé plusieurs courts-métrages, ainsi que participé à une série documentaire, mais UPTAKE FEAR est son premier long-métrage. Kapel Furman, lui, a déjà réalisé un long, POLVORA NEGRA, en plus d’avoir été impliqué dans la même série documentaire que son comparse Fonseca, et a aussi réalisé quelques courts-métrages.
UPTAKE FEAR semble regrouper deux films différents. Nous suivons d’abord les pérégrinations d’un paumé qui se fait piétiner par son supérieur, par le grand chef, ainsi que par les clients qu’il rencontre toute la journée. Il est aussi secrètement amoureux de sa voisine, et se laisse insulter par son mec, qui trompe joyeusement la jeune femme qui mérite mieux. Un jour, il craque et commence à massacrer ceux qui lui ont fait du tort.
Les scènes sont violentes et très gores, les effets spéciaux superbes, et une grosse dose d’humour très noir détend l’atmosphère, par ailleurs très glauque. A ce titre, la scène où notre héros cherche désespérément une place de parking et se gare finalement, tellement serré entre deux voitures, qu’il est obligé de briser la vitre arrière pour s’extraire de l’habitacle, est irrésistible.
Après que le sang ait commencé à couler, cependant, notre protagoniste principal a l’impression qu’il se passe quelque chose. En effet, manquant de subtilité, notre tueur aurait dû se faire arrêter. Aussi les questions commencent à affluer, autant chez le héros que chez le spectateur. Est-il vraiment un tueur ? Est-ce que tout se passe dans sa tête ? Certaines séquences, assez oniriques, laissent en effet planer le doute quant à la finalité de ce qui se déroule à l’écran.
Et, tout à coup, le film prend un énorme virage, le spectateur se retrouve dans un autre appartement, avec le même personnage. Les séquences s’enchaînent, avec plusieurs moments faisant penser à Clive Barker et à ses monstres. Encore une fois, les effets, à même le plateau, sont superbes, et créent une ambiance déstabilisante et magnifiquement malsaine. L’horreur mêlée à une certaine dose d’humour noir nous mène finalement à une conclusion certes logique, mais à la noirceur effroyablement poisseuse.
UPTAKE FEAR est difficile à suivre, de par sa construction très particulière et son virage brutal en milieu de film. En effet, entre sa première partie façon CHUTE LIBRE assez classique, et la suite virant dans le surréalisme et le grotesque avec des monstres sortis tout droit d’HELLRAISER, le spectateur ne sait plus à quoi s’attendre. Il suffit alors de se laisser porter par cet étrange récit, à l’ambiance diablement bien maintenue, et d’en ressortir épuisé.
Le film est ainsi une expérience sensitive plus qu’un film que le spectateur peut raconter, mais qui mérite amplement le détour. Le Festival du film fantastique de Bruxelles permettait de surcroît de l’apprécier dans d’excellentes conditions.
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- Article rédigé par : Yannik Vanesse
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