Vengeance

Un texte signé Michaël Guarné

Hong Kong - 1970 - Chang Cheh
Interprètes : David Chiang, Ti Lung, Chuen Chan, Lei Cheng

Nous sommes en Chine en 1925. Un acteur d’opéra ap-prend qu’un petit parrain des environs a des vues sur sa femme. Il se rend alors chez lui et l’humilie. Mais les choses n’en restent pas là et le comédien tombe dans une embuscade, synonyme pour lui d’une mort atroce. Plus tard, Kuan Hsiao Lon (interprété par David Chiang), le frère du défunt, s’en va débusquer puis faire tomber l’organisation criminelle responsable du meurtre…
VENGEANCE s’apparente plus à un film de gangsters qu’à un film de kung-fu. Autrement dit, il y a très peu de combats à mains nues. Ce sont les armes blanches, et plus particulièrement les couteaux, qui sont mis à l’honneur ici. Le réalisateur insiste bien sur les affrontements qui demeurent relativement sanglants pour l’époque. On retiendra la violence de l’assassinat du frère de Kuan Hsiao Lon au début. Celui-ci a beau combattre bravement à l’aide de sa hache, il finit éventré avec les yeux crevés. Un bon bain de sang donc !
L’usage plus qu’abondant du sang est d’ailleurs une caractéristique récurrente du cinéma de Chang Cheh. C’est notamment ce qui l’opposait à Liu Chia Liang (MARTIAL ARTS OF SHAOLIN, THE 36 CHAMBER…). Le second avait en effet une vision très pure et respectueuse des arts martiaux. Il n’était pas question de pratiquer le kung-fu pour tuer, surtout gratuitement. A l’inverse, le premier n’hésitait pas à montrer un art martial en tant qu’instrument de mort. Un désaccord de plus en plus flagrant entre les deux hommes, qui finit par clore leur collaboration (Liu Chia Liang ayant chorégraphié les combats de Chang Cheh pendant longtemps). Sachez que les techniques du Hung Fist et du Wing Chun, venant de l’école du Sud, sont utilisées dans VENGEANCE.
Sinon, le point fort du film est son ambiance sombre, intrigante. Ce métrage a des allures de film noir très intéressantes. La mise en scène est en osmose avec le personnage de David Chiang. Très posée, elle sert parfaitement l’attitude sereine de Kuan Hsiao Lon, bien déterminé à venger son frère même s’il doit à son tour y laisser la vie. Sa vengeance est à la fois fatale et réfléchie, calme et sanglante. Il prend le temps d’agir, mais quand il le fait, sa rage éclate sans compromis.
Les personnages, en revanche, demeurent de gros stéréotypes de bons, de méchants, de traîtres… Ils pérennisent l’idée du héros idéal qui fait passer la fierté et l’honneur avant tout. Quant aux protagonistes féminins, ils sont vraiment secondaires, peu attachants. Les femmes tiennent donc une place très limitée dans ce film tout comme dans l’ensemble de la filmographie de Chang Cheh.
Au final, on retiendra surtout la noirceur qui se dégage de ce film mis en scène par Chang Cheh, le plus prolifique des réalisateurs de la Shaw Brothers. L’atmosphère, prenante, assurera un bon moment au spectateur.


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- Article rédigé par : Michaël Guarné

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