Un texte signé Daniel Courtine

USA - 1982 - William Lustig
Titres alternatifs : Justice Sans Sommation
Interprètes : Robert Foster, Fred Williamson, Carol Linley, Woody Strode, Richard Bright, Rutanya Alda, Joe Spinell

retrospective

Vigilante

VIGILANTE, parfois sous-titré JUSTICE SANS SOMMATION, est le deuxième film de William Lustig si l’on ne tient pas compte des films érotiques par lesquels il a commencé sa carrière de réalisateur. Connu et reconnu par MANIAC réalisé en 1980, Lustig signe, avec VIGILANTE, un film qui aborde la question de l’autodéfense. Sur un scénario assez classique, nous suivons un groupe de citoyens ordinaires qui, lassés du laxisme des magistrats, décident de faire justice eux-mêmes. Proche du film LE JUSTICIER DE LA NUIT (avec Charles Bronson), le film de Lustig, même s’il manque un peu de rythme, garde les qualités des œuvres de son réalisateur : la noirceur du thème abordé, l’âpreté de la mise en scène, la direction d’acteur et une manière très personnelle de filmer la ville. New York, et surtout ses rues, est un personnage à part entière tant leur désolation et celle de ses bâtiments font écho à celle des âmes torturées des protagonistes. Le monde dépeint par Lustig est sombre et le peu d’humanité que l’on rencontre dans le film est incarné par un détenu venant en aide au héros lors d’un séjour totalement injustifié en prison.

Lustig ne justifie rien, il décrit. Comme dans MANIAC, il accompagne ses personnages qui semblent être prisonniers d’un destin qui les broie même si on peut penser qu’ils ont le choix d’y échapper. Ce sont leurs émotions – colère et douleur- qui les conduisent à côtoyer la bête qui est en eux, ce qui les rend aussi condamnables que ceux qu’ils exécutent. Ainsi, Eddie qui s’oppose à l’idée de faire justice soi-même est rattrapé par la soif de vengeance et va aller au bout de sa dérive : ayant tout perdu, il va multiplier les crimes.

Comme dans ses autres œuvres, le héros de VIGILANTE est d’abord une victime avant d’être un hors-la-loi. Dans MANIAC, le serial-killer est un homme qui souffre et qui n’est pas jugé par le réalisateur bien qu’il commette des crimes horribles. Dans UNCLE SAM, le personnage principal revient se venger après avoir été victime de l’opération “Tempête du désert”. Dans MANIAC COP, c’est le tabassage en prison qui fait du flic Cardell une machine à tuer. Là réside la force de Lustig : ne jamais considérer le coupable comme un monstre mais de toujours voir en lui un homme qui a souffert ou qui souffre. C’est en cela que Lustig porte un regard d’entomologiste sur l’être humain et que son œuvre, même empreinte de défauts, est porteuse d’un humanisme rare dans les films violents.

Pour ce qui est des caractéristiques techniques du film, nous retrouvons la façon unique de filmer les scènes d’angoisse et de violence- Des cadrages toujours personnels donnent à des lieux familiers une étrange ambiance ; les premières minutes du film sont, à ce titre, exemplaires. La bande son et la musique de Chattaway excellents dans leur rôle respectif pour maintenir la tension pendant toute la durée du film. Les acteurs sont tout aussi bons et le côté glauque de certaines scènes renforce le malaise que le spectateur peut ressentir tout au long du film. En plus de tout cela, le film nous renvoie dans des décors qui évoquent les séries policières des années quatre-vingt, ce qui ne va pas sans titiller agréablement la nostalgie.

Sans être le meilleur film de Lustig, VIGILANTE ravira les fans de ce réalisateur au style très personnel qui nous a offert les deux bijoux que sont MANIAC et MANIAC COP.


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- Article rédigé par : Daniel Courtine

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