Wake the Dead

Un texte signé Patryck Ficini

France - 2016 - Czilinder Frédéric

Les éditions Armada, parmi moult inédits, republient des auteurs comme l’excellent maître du fantastique Jean-Louis Bouquet (MEMOIRES D’UNE VOYANTE) ou le génial Claude Ecken avec sa PESTE VERTE, un gore « dermatologique » qui mérite de figurer dans les annales.
Toujours au rayon gore, Armada publie aussi l’inédit WAKE THE DEAD de Frédéric Czilinder, un roman de zombies aussi violent que les meilleurs Panini Books du genre (qui font sans doute référence en France à l’heure actuelle par leur quasi monopole) mais aussi radicalement différent quant au fond.
En effet, WAKE THE DEAD, sous ses dehors de roman hommage au teen movie horrifique (dixit la quatrième de couverture) est aussi un bouquin profondément fantastique à base de malédiction et de sorcière vengeresse. Foin ici d’une invasion zombie globale ou d’un virus-cliché (cela commence à lasser !). Aux désormais classiques militaires surentraînés made in Romero, on trouve ici de simples citoyens et de pauvres flics de province désarmés face à des hordes de morts-vivants sanguinolents. Si influence il y a, on peut citer immédiatement les classiques DEMON DES MORTS de Graham Masterton (le décor, l’atmosphère) et FRAYEURS de Lucio Fulci (pour la cause surnaturelle de l’invasion, pas pour le côté hardgore italien).
Si les personnages peints par Czilinder sont volontairement des clichés sur pattes tout droit issus de la meilleure série B américaine (la cheerleader bimbo, le joueur de foot tout en muscles, le groupe de rock qui donne son nom au roman, la gothique seule au monde…), ils n’en sont pas moins extrêmement attachants et (mais oui !) très développés psychologiquement. L’auteur n’oublie jamais leurs zones d’ombres, leurs secrets putrides parfois enterrés au fond d’une cave… Et une bourgade comme Deep Harbor n’en manque pas.
La petite ville presque lovecraftienne est d’ailleurs un personnage à part entière de WAKE THE DEAD.
Au rayon gore, Frédéric Czilinder est généreux au possible. Les scènes d’action et d’horreur pure se succèdent à un rythme très soutenu une fois l’intro passée (passionnante car mystérieuse, et pas trop longue).
Si la sexualité est omniprésente dans WAKE THE DEAD tant elle hante les désirs plus ou moins enfouis des personnages, Czilinder ne la mêle pas au gore, comme on a pu le lire dans des Gore ou des Trash, justement. C’est bien simple, WAKE THE DEAD pourrait être un film et donc, en tant que tel, ne décrit rien qui ne soit montrable au cinéma dans un film de série B « normal ». Et donc pas dans un porno-gore allemand à la Andreas Bethmann !
Inutile de le repréciser (mais nous le faisons quand même !), WAKE THE DEAD est un pur plaisir de lecture, à travers ses 300 pages menées à un train d’enfer.
L’horreur est rarement aussi jouissive que sous la plume de Frédéric Czilinder, qui égale ici par son écriture ultra efficace les grands noms anglo-saxons de Epouvante ou Terreur. On le remerciera aussi pour le côté émouvant et 1er degré de son histoire. Nous ne sommes très clairement pas ici en présence d’une parodie !
Avec une fin presque ouverte qui évoque un peu L’ENFER DES ZOMBIES (un vrai romantisme noir en plus), on n’attend qu’une seule chose : la suite !
Les malédictions, lorsqu’elles apportent un tel plaisir au lecteur, peuvent-elles décemment connaître une fin qui ne soit source de frustration ?


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- Article rédigé par : Patryck Ficini

- Ses films préférés : Django, Keoma, Goldfinger, Frayeurs, L’Au-delà

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