Waterpower

Un texte signé François Henry

USA - 1976 - Shaun Costello, Gerard Damiano
Interprètes : Jamie Gillis

On savait que Damiano ne se limitait pas à de simples entreprises bandatoires, et peut-être est-ce encore plus vrai pour Waterpower que pour n’importe quel autre de ses films.
Ici, sa caméra suit très crûment les forfaits d’un type dont on apprend à peine le nom, et pour cause, puisqu’il ne converse à proprement parler avec personne.
Seul dans sa piaule, au milieu d’une grande ville, Burt est atteint du syndrome Travis Bikle (le film de Scorsese, Taxi Driver, a d’ailleurs été réalisé l’année précédente).
Mais tandis que Travis cherche une justification à sa vie, Burt est rattrapé par ses frustrations sexuelles.
Pour commencer, il mate sa voisine d’en face à la lunette en tenant des propos étranges. Là où ça se gâte sérieusement, c’est lorsqu’il assiste à un “traitement spécial”, une séance de lavement. Et le paumé a trouvé sa voie. A la manière de Travis lorsqu’il rencontre Spot et Iris, Burt va partir en mission: “purifier les salopes” par le lavement après les avoir sodomisé de force.
Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas ici de viols faussement consentants du porno de base dans lesquels la femme y trouvera finalement du plaisir. Damiano n’est pas un phallocrate à la noix, et la violence sexuelle qu’il décrit n’a rien de joyeux ni d’affriolant.
Le film transpire la noirceur et le malaise à travers ce malade qui cristallise la schyzophrénie propre à l’idée d’ordre et de pureté morale, et met en relief tout le machisme et la violence qui l’accompagnent.
La froideur et l’absence d’emphase rapprochent sur ce point, avec tout de même dix ans d’avance Waterpower, de Henry, Portrait of a Serial Killer.
L’interprétation de Burt par Jamie Gillis, déjà vu dans des Damiano grande époque est d’une puissance redoutable, bien qu’on ne puisse pas en dire autant de l’acteur qui joue le flic chargé de mettre fin à ces exactions. Flic qui d’ailleurs, ne justifie sa présence que par son échec à coincer Burt.
En gros, ordre social établi et ordre moral sont renvoyés dos à dos, le premier dans l’échec, le second dans la violence. Un propos rare pour un film pornographique exceptionnel.

Notez que Damiano n’est pas le réalisateur de Waterpower mais qu’il s’agit de Shaun Costello… Merci pour votre indulgence… Cet article a été rédigé à une époque où Internet n’était pas encore si accessible et où les films comme Waterpower étaient très obscurs.


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- Article rédigé par : François Henry

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