Waxwork

Un texte signé Sophie Schweitzer

Le réalisateur Anthony Hickox issu d’une famille de cinéaste est un fan de films de genre, aussi quand il réalise son premier film aux Etats-Unis avec un budget pas énorme et un délai de temps très réduit, il y met tous ce qu’il a aimé gamin dans le cinéma fantastique et d’horreur. Ce qui fait de WAXWORK un film méta, ultra référencé, qui plonge le spectateur à cette époque précise où l’on dévore du film d’horreur à longueur de journée, à savoir : l’adolescence.

Et c’est justement un sujet qui intéresse notre ami, puisque les héros de WAXWORK sont une bande de jeunes gens typique de la Californie dans la fin des années 80. Ces adolescents insolents et arrogants relèvent le défi qu’un vieux monsieur bizarre leur donne, passer à minuit pour voir une représentation dans un étrange musée de cires. Quand ils débarquent à minuit, c’est un petit homme, un nain plutôt agressif envers l’autre serviteur de la maison, qui les accueille avant qu’ils ne découvrent le musée. Consacré aux plus grandes figures terrifiantes de l’histoire, ce musée de cire est quelque peu inquiétant, mais pour ces jeunes en mal de sensations fortes, il exerce une fascination à laquelle ils ne peuvent résister. Ces figures effrayantes les attirent alors dans leur monde, littéralement.

En effet, le maître des lieux est un mage noir qui a conclu un pacte avec Lucifer. Son rêve étant de faire revivre les pires êtres que l’humanité a connu, il s’arrange donc pour choisir des jeunes gens qui serviront volontiers de victimes à ces monstres historiques ou fantastiques. Les jeunes gens sont après tout des adolescents friands de films d’horreurs qui face à un tableau digne de la Nuit des Morts Vivants n’ont qu’une envie, plonger dedans ! Ce qui est l’exact miroir du public du film !

Véritable cri d’amour au cinéma de genre, WAXWORK fait se côtoyer Dracula, zombies, loups-garous, le marquis de Sade, la Momie, en somme tous les classiques monsters sont là. Un vrai rêve de cinéphile. Ainsi, les héros du film sont semblable aux spectateurs, fasciné par les films d’horreur ils ne résistent pas une seule seconde au désir de cotoyer de près ces terrifiantes figures du cinéma d’horreur. Ainsi la jolie blonde finie sous les crocs de Dracula, l’intrépide entre les griffes d’un loup-garou, ainsi de suite. Les héros sont donc confrontés à un mal insidieux qui évoque à la fois l’univers d’un épisode des contes de la crypte, par l’ironie du sort qui frappe les héros, mais aussi la série anglaise Chapeau Melon et Botte de Cuir, pas seulement parce que Patrick Macnee y joue un second rôle d’importance, mais aussi par l’aspect hypnotique et cyclique que possède le film.

De par la qualité de ses effets, le scénario mettant en scène des adolescents qui deviennent de véritables héros, il offre un véritable hall of fame des classics monsters qui fait de WAXWORK un film de qualité voué à devenir culte pour toute une génération. En effet, ce film appartient à cette époque assez iconique, celle de la fin des années 80, et le début des années 90. Il emprunte aux codes du film d’aventures des années 80, mais dessine déjà les intrigues qui agiteront les années 90 qui verront naître des séries telles que X FILES, BUFFY CONTRE LES VAMPIRES qui vont rassembler toutes les grandes figures de l’horreur, et bien sûr LES CONTES DE LA CRYPTE qui apparait l’année d’après. WAXWORK s’inscrit ainsi dans son temps laissant au spectateur d’aujourd’hui l’impression que BEVERLY HILLS aurait croisé les DRACULA, LA MOMIE, WOLFMAN (les originaux bien sûr) dans un épisode de la QUATRIEME DIMENSION.

Bien que s’adressant à un public jeune, et il est vrai qu’il faut être un grand enfant pour profiter pleinement du film, WAXWORK est un film qui fonctionne. Bien écrit en dépit des clichés qu’il accumule, et qui fait écho, référence à tout un cinéma : LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER, L’INSPECTEUR HARRY, GENERATION PERDUE, sans évoquer bien sûr les classics monsters dont les scénettes s’inspirent grandement. Les effets spéciaux sont assez somptueux, réalisés par Bob Keen (HELLRAISER, CANDYMAN). Et le casting, tout comme l’intrigue, sont généreux: David Warner (Les chiens de paille, La Malédiction, Tron, L’antre de la folie), Zach Galligan (Les Gremlins, Nothing Least forever, Warlock), Patrick Macnee (Hurlement, Dangereusement votre, Chapeau Melon et Botte de Cuir), Dana Ashbrook (Twin Peaks, Le retour des mort-vivants 2). Autant dire que WAXWORK est le genre de spectacle où il ne faut pas bouder son plaisir.

Devenu culte pour toute une génération, il est vrai qu’il vaut mieux le regarder enfant ou adolescent que plus âgé, car c’est vraiment un film d’aventures qui nous plonge dans un univers fantasque à la manière des anthologies le faisait ou les nouvelles fantastiques d’auteurs comme Edgar Allan Poe ou Maupassant. Jouissif et généreux dans ses effets, ses intrigues, le final en dépit du manque de moyens reste tout à fait à la hauteur du spectateur. WAXWORK est une série B qui s’assume, et un bon film de divertissement.


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- Article rédigé par : Sophie Schweitzer

- Ses films préférés : Le bon, La brute et le Truand, Suspiria, Mulholland Drive, Les yeux sans visage, L'au-delà

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