WELT

Un texte signé Eric Petigny

France - 2009 - Chickenchris
Interprètes : Jean-Jaques Dussoul, Jean-David Izambard, Gwendoline Chastenet de Gery

“Un homme, une femme, un professeur, une miniaturisation, une brioche…”, voici en peu de mot l’accroche du dernier film de Chickenchris, auteur atypique qui aura mis pas moins de deux ans pour accoucher de ce court métrage. Une longue période de gestation donc, qui s’explique en partie par l’exercice de style visuel et narratif voulu par le réalisateur. Difficile, en effet, de coller une étiquette bien précise sur le travail fini… Film expérimental, histoire d’amour (contrariée ?), aventure science-fictionnelle ? Welt est un peu tout ça à la fois.
Un jour, un scientifique invite un certain Jed dans son laboratoire pour lui faire part de ses travaux. Le savant a réussi à miniaturiser une souris jusqu’à la taille de l’atome et souhaite passer à l’étape suivante, l’homme, bien entendu. Jed comprend bien vite qu’il a été convié dans le seul but de servir de cobaye, l’homme de science ne lui cachant pas ses intentions, mais refuse sous prétextes que la chose est impossible et qu’il n’est pas l’homme de la situation. Le temps passe et un soir, en rentrant chez lui, Jed tombe nez à nez sur Barbara, l’assistante du professeur, miniaturisée sur un tranche de brioche !? Aussitôt il fonce chez le savant quérir des explications, mais le scientifique l’endort à coup de discours technique, si bien qu’il finit par convaincre Jed de prêter à l’expérience. Pourquoi ce dernier accepte ? peut-être aura-t-il succombé au charme de la jeune femme ? mystère… Toujours est-il qu’il se réveille peu de temps après au coté de la belle, miniaturisé lui aussi. S’en suit dès lors une aventure étrange au cœur d’un atome de brioche…
Nanti d’une trame somme toute assez simple, Welt fait surtout la part belle aux expérimentations visuelles en tout genre, mixant animation et prises de vue réelles tout en conservant un belle cohérence. Cela est sans doute dû au choix du noir & blanc (même si la couleur fait son apparition de temps à autre) qui permet au film d’avoir un certain cachet. Si le film s’avère singulier dans son traitement, difficile d’en dire autant de l’histoire qui ne va guère plus loin que son postulat de départ. La simplicité d’un scénario n’est que rarement un problème dès l’instant où elle est compensée par des idées et Chikenchris n’en manque pas quand il s’agit de passer d’une approche visuelle à une autre, quitte à bousculer quelque peu les standards de la narration. Mais malheureusement le film peine convaincre totalement dans sa deuxième moitié, la faute à une redondance dans certains effets, notamment lors de deux affrontements du héros avec des créatures microscopiques, filmés selon le même procédé, dans un choix de plan similaire et avec même positionnement des personnages… Puis la conclusion, qui se fait légèrement attendre, arrive en en révélant un peu plus sur la relation entre Jed et Barbara, chose qui permettra à Welt de se terminer sur une note douce-amère assez intéressante. Au final nous avons donc affaire à un court métrage hermétique sans l’être qui démontre surtout le potentiel de son auteur à raconter une histoire “autrement”.


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- Article rédigé par : Eric Petigny

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