retrospective

Wild Angels

On ne présente plus le célèbre roi de la série B américaine Roger Corman.
Le voici, avec WILD ANGELS (1966), à l’origine d’un sous genre du film d’exploitation : le outlaw biker film.
Ce sous genre connu son essor la décennie suivante aux états-unies; on peut citer notamment DEVIL’S ANGELS (1967) avec John Cassavetes ou encore HELL’S ANGELS ON WHEELS (1967) avec Jack Nicholson. Il convient de noter aussi que, la même année, le journaliste gonzo Hunter S Thompson jetait un coup de projecteur sur les bikers dans son livre sur les Hell’s Angels.

En plus d’avoir du flair, le pape de la série B Roger Corman savait aussi s’entourer : au casting, en plus de la crème de la série B de l’époque, on remarque donc surtout Peter Fonda, qui deviendra un symbole de la contre-culture, notamment avec son cultissime EASY RIDER coréalisé 3 ans plus tard (1969) avec Dennis Hooper.
Au scénario, on retrouve le légendaire Charles Griffith connu pour avoir écrit d’autres productions de Roger Corman, et pas les moindres. La qualité de son écriture à permis à plusieurs films de Roger Corman d’entrer dans la légende. On peut citer A BUCKET OF BLOOD(1959) ou encore THE LITTLE SHOP OF HORRORS (1960).
Ce simple nom au scénario permet déjà à WILD ANGELS de se situer au-dessus du panier. Charles Griffith savait apporter le contenu sociologique et descriptif nécessaire et élaborer des scènes suffisamment intenses pour que ce film de série B au petit budget ne soit pas qu’une vulgaire production d’exploitation.
De plus, la réalisation et la mise en scène, classiques, sont de qualité correcte pour un si petit budget. On n’apprend pas au pragmatique Roger Corman à exploiter à fond un budget. Le producteur avait, en bon opportuniste, fait appel à de réelles bikers californiens comme figurants.

C’est une œuvre de série B en phase avec son époque : soif de liberté et provocation face à l’autorité et la loi, les bikers représentent la rébellion ; ils expriment le malaise et la sensation d’étouffement dans une société très normative. Bagarre à coups de chaîne, cache-cache permanent avec la police, les bikers obéissent à leurs propres lois, revendiquent leur propre religion, enterrent eux-mêmes leurs morts. Ils ne respectent rien ni personne, excepté leur belle Harley Davidson, le symbole absolue de cette soif de liberté. Face à eux, l’incarnation de cette société normative, la police, qui traquent ces marginaux et intervient à la moindre bagarre. Soumis à un harcèlement policier constant, Les Hell’s Angels du film ne restent longtemps au même endroit.

Le film ne porte aucun jugement sur les protagonistes. C’est là sa grande force. Car les Hell’s Angels, s’ils représentent la liberté, ne sont pas exactement des enfants de cœur ! Le film décrit de façon sociologique cet aspect violent : l’enfer décrit par la morale puritaine n’existe pas, il faut en profiter ici et maintenant, grâce à la vitesse ou la fête. Des séquences réussies, comme celle où comme celle où Peter Fonda pour oublier la mort de son meilleur ami, démarre sa moto, au milieu des miaulements: le besoin avide de liberté est contenue dans cette authentique scène d’ «amour » et les grondement furieux de la belle machine, à eux seuls, résument bien l’état d’esprit du chef, à ce moment clef du film: vivre dangereusement a un coût et peut même coûter la vie.

Même la fête qui suivra, une fête sans limites, une transe orgiaque quasi tribale, ne semble apaiser ce charismatique chef de bande… Comme si il lui était impossible d’étancher son mal de vivre, sa soif de liberté…qu’on retrouvera intacte trois années plus tard dans le fameux EASY RIDER…

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