Yo-Yo Girl Cop

Un texte signé André Quintaine

Japon - 2006 - Kenta Fukasaku
Titres alternatifs : Sukeban Deka: Kôdo nêmu = Asamiya Saki
Interprètes : Aya Matsuura, Riki Takeuchi, Rika Ishikawa, Shunsuke Kubozuka, Erika Miyoshi

YO-YO GIRL COP est l’adaptation d’une série animée qui est apparue sur les écrans nippons au milieu des années 80. Mais il s’agit surtout du nouveau film de Kenta Fukasaku qui, après BATTLE ROYALE 2, avait provoqué une vive déception auprès des fans du film réalisé par son propre père.
Avec YO-YO GIRL COP, Kenta Fukasaku reste dans un genre débridé, typique de la vision que l’on se fait d’un manga adapté en chair et en os. Une jeune fille qui sait super bien se battre est recrutée par une section spéciale de la police japonaise pour infiltrer une école et découvrir ce qui va se passer dans quelques heures… En effet, un mystérieux site web affiche un compte à rebours depuis quelques temps et la police redoute le pire. Elle sait quel lycée est lié à ce site web et a besoin d’une jeune fille pour intégrer les groupes de jeunes et déjouer ce qui pourrait être une attaque terroriste ! Armée d’un yo-yo et d’un uniforme d’écolière, Asamiya Saki va-t-elle redorée le blason de Kenta Fukasaku ?…
Il est évident qu’avec un tel scénario, Kenta Fukasaku avait toutes les cartes en main pour nous offrir un film tonitruant. YO-YO GIRL COP aurait du se résumer en un seul mot : démesure. Or, celle-ci n’est trouvable nulle part. Pourquoi ? C’est une bonne question, d’autant plus que le budget ne peut pas en être la cause car démesure ne rime pas avec Yen.
Le cinéma japonais des années 70 était coutumier de la démesure… Prenons pour exemple, dans un tout autre genre, LADY SNOWBLOOD. Une jeune femme se promène avec son mari dans la compagne, trois hommes et une femme les attaquent, tuent le mari, l’enfant, violent et torturent la femme pendant trois jours et trois nuits. Celle-ci veut se venger mais est emprisonnée à vie après avoir supprimer le premier de ses assaillants. Qu’à cela ne tienne, elle décide de coucher avec tous les matons de la prison afin de faire un enfant qui la vengera ! Là, de la démesure, il y en a à foison, contrairement à ce que l’on trouve dans YO-YO GIRL COP.
La démesure dans LADY SNOWBLOOD naît d’une haine envers la société, envers les hommes et leur recherche cupide de pouvoir. Cette haine n’est visible nulle part dans YO-YO GIRL COP, on y trouve même pas un peu d’agacement. Pourtant, il aurait pu y en avoir puisque l’acte terroriste organisé par les jeunes est motivé par l’absence de réaction des adultes face aux brimades que s’infligent les jeunes entre eux. Mais leur révolte contre les adultes n’est plus un thème porteur. D’ailleurs, même cette idée sera révoquée par un final qui fait basculer les intentions des rebelles dans une logique purement financière…
Sans volonté de révolte, il ne peut pas y avoir de démesure. Dans ce contexte, il n’y avait évidemment aucune chance pour que YO-YO GIRL COP remplisse les espoirs que l’on portait en lui.
A la place, nous avons affaire à un petit film sympathique. Hormis le méchant de l’histoire (un ado aussi machiavélique que John Ross Ewing, personne n’y croit), les personnages sont charismatiques à souhait. Saki a bien des aires de fillette fatale, sa copine canard boiteux de la classe est mignonne à croquer et leur rivale a tout de la garce. Riki Takeuchi, l’intermédiaire de Saki, est attachant à souhait. Dans l’ensemble, le rythme est soutenu et n’accuse aucun temps mort. Bref, on passe un bon moment à suivre les aventures de Saki, même si on aurait aimé que le yo-yo du titre face plus de dégât et que Kenta Fukasaku joue vraiment sur l’imagerie de l’écolière japonaise. On n’a même pas une petite culotte en coton à se mettre sous la dent… YO-YO GIRL COP ne tient pas ses promesses, mais bon, quel film tient ses promesses de nos jours ?


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- Article rédigé par : André Quintaine

- Ses films préférés : Frayeurs, Les Griffes de la Nuit, Made in Britain, Massacre à la Tronçonneuse, Freaks

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