Zombie Anonymous

Un texte signé Nassim Ben Allal

Etats-Unis - 2006 - Marc Fratto
Interprètes : Gina Ramsden, Joshua Nelson, Mary Jo Verruto, Shannon Moore

Le zombie est un garçon commode. Non pas dans la réalité intra-diégétique au sein de laquelle il engloutit quantité de vivants, mais dans celle du cinéma de genre. Véritable pâte au sens pasta du terme, il s’accommode à toutes les sauces avec plus ou moins de bonheur. Pour son deuxième long, tourné en 2006 mais exhumé seulement en 2010 par le défunt éditeur Neo Publishing, Marc Fratto propose donc une variation intéressante sur cette figure phare du film d’horreur.

New-York. Alors qu’une étrange épidémie sévit, transformant en zombie tout mort récent, Josh abat sa compagne Angela lors d’une dispute conjugale. Cinq mois plus tard, alors qu’Angela essaye de mener une existence normale dans son nouvel état et se rend régulièrement au sein d’une association d’entraide appelé Zombie Anonymous, Josh a lui rejoint une milice anti-zombie. Car dans ce nouveau monde, les non-morts ne sont pas ces êtres affamés de chair fraîche (du moins pour la plupart) mais simplement des êtres coincés entre deux états, essayant de s’intégrer alors qu’ils subissent de fortes discriminations. Une nuit, Josh et Angela se recroise, évènement qui va les précipiter dans un tourbillon de violences…

Grâce à ce bon vieux précurseur de génie qu’est George A. Romero, la métaphore sociale qui accompagne le zombie, on a fini par la connaître, la reconnaître et l’apprécier. Ainsi, que peut-on avoir à dire de neuf sur le sujet ? En se basant plus ou moins sur l’idée induite par la fin de LAND OF THE DEAD (les zombies acquérant une certaine conscience d’eux-mêmes) mais surtout sur le concept du français LES REVENANTS (de Robin Campillo, 2004), Marc Fratto livre un scénario dans lequel les zombies nous ressemblent étrangement, avec tous les inconvénients (et les relatifs avantages) de la mort. En effet, les morts cherchent à s’intégrer dans un monde auquel ils n’appartiennent plus, une société qui n’est plus la leur, dans laquelle ils ont fait leur temps. Victimes de discriminations, ils sont non seulement la cible de milices qui les chassent et les élimine définitivement (en leur faisant exploser le cerveau) mais également de la société de consommation, la seule à voir là un avantage. Ainsi, et cela fait partie des meilleurs idées du scénario, nombre de publicités leurs sont réservées. La classe zombie, les rejetés de la mort comme ils se nomment, devient une cible commerciale à part entière. Métaphore sur l’acceptation de soi malgré ses différences, ZOMBIE ANONYMOUS développe une première partie attachante et sensible, relevée par un humour pas toujours très fin mais qui a le mérite de faire mouche. Dès lors, le spectateur a envie de suivre le personnage d’Angela dans sa quête, à travers une chronique douce-amère. Malheureusement, à mi-film, le scénario s’emballe, pas forcément pour les meilleures raisons. En confrontant milice anti-zombies et secte de zombies anti-humains, le réalisateur délivre un discours pataud et naïf avec force fusillades et plans gores qui, s’ils ne sont pas tous ratés malgré l’étroitesse du budget, sortent le film de sa ligne sociale pour l’emmener sur le terrain incertain du film de morts-vivants gore et fauché comme il en fleurit tant. Film pro-am, ZOMBIE ANONYMOUS souffre certes d’un look amateur mais il est suffisamment bien monté et réalisé pour nous permettre de passer outre…jusqu’à cette seconde partie qui plombe le film, faisant ressortir tous ses défauts qui culminent dans un final à rallonge à peine sauvé par un épilogue qui rejoint le fil rouge suivit au départ, celui du cheminement psychologique de l’héroïne.


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- Article rédigé par : Nassim Ben Allal

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