Zombie King

Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 2005 - Bill Marks
Interprètes : Jules Delorme, Jennifer Thom

ZOMBIE KING part d’un postulat immédiatement accrocheur pour l’amateur de bis : ressusciter le cinéma de catch (avec les énergiques lutteurs masqués SANTO et autres BLUE DEMON) tout en lui offrant un bain de jouvence par le biais de l’humour et du gore. Le cinéaste nous propose donc de suivre les aventures d’une bande de super-héros catcheurs, lesquels n’enlèvent évidemment jamais leur uniforme, même pour discuter dans un fauteuil. Très vite on constate donc le ton franchement décalé du métrage et, malgré son amateurisme immédiatement perceptible, on espère un bon moment de détente. Hélas ce ne sera pas le cas. Mais commençons par l’intrigue, très simple. Un combattant s’amuse à affronter, dans une cage, des morts-vivants apprivoisés. Mais une série de meurtres sanglants, attribués à des zombies, ensanglantent la région. Son enquête entraîne l’équipe des justiciers costumés sur la piste du maléfique Zombie King et d’une lutteuse française en cuir folklorique.
Plus qu’à tout autre genre, ZOMBIE KING s’apparente à un “film de potes”, appellation nullement péjorative ayant donné pas mal de métrages certes fauchés et maladroits mais incontestablement enthousiasmants. La tradition remonte à la fin des sixties et passe ensuite par des productions comme EQUINOX, BAD TASTE, VERSUS, REPO MAN et, bien sûr, EVIL DEAD qui reste le mètre étalon du genre. Ce n’est pas un hasard si les titres précités sont devenus cultes et si, tout modeste soit-il, ZOMBIE KING tente de s’imposer dans la même catégorie. Malheureusement, le culte se crée et ne se fabrique pas, malgré toute la bonne volonté du monde ! Or, le résultat, ici, est plus sympathique que convaincant. Sympathique parce qu’on sent une flagrante envie de s’amuser en réalisant un gros délire à l’énergie évidente. Pas convaincant car ZOMBIE KING est franchement raté, même si on n’a pas vraiment envie d’en dire du mal, tant le point de départ semblait prometteur.
Tout d’abord, le scénario est dénué de la moindre consistance. Le cinéaste tente donc de se donner des airs de BD underground mais cache assez mal son complet manque d’ambition. Les personnages sont tous stéréotypés (les méchants, les catcheurs, le traître, les deux groupies lesbiennes,…) et l’action se traîne. Oui, car, avec moins d’une heure et quart au compteur ZOMBIE KING paraît malheureusement bien long. Le rythme est souvent assoupi, pour ne pas dire anémique, et le spectateur risque de trouver tout cela plutôt ennuyeux.
Même s’il est fauché et maladroit, ZOMBIE KING aurait au minimum dû proposer quelques combats de catchs aériens et acrobatiques. Nous sommes loin du compte et, à l’heure où triomphent les DVDs de combats style “Pride” et autres compétitions de free-fight, les démonstrations martiales pataudes et maladroites, indignes d’une représentation patronale, feront davantage pitié que sourire ! Et on ne parle pas de la réalisation et du montage, lesquels ne possèdent même pas le petit côté nerveux des pires métrages estampillés kickboxing des années 80 ! Bref, le film respire l’amateurisme et l’approximation, ce qui, en soit, ne serait pas dramatique s’il parvenait à faire rire. Hélas, là aussi, c’est rarement le cas et seuls quelques sourires complices viendront sortir le spectateur de sa torpeur. Les effets gores, pour leur part, ne sont ni très nombreux ni très réussis, ce qui est évidemment des plus préjudiciables !
En définitive, ZOMBIE KING ressemble plus à une curiosité qu’à un véritable métrage pensé et censé. A l’image du récent TONGAN NINJA “présenté” par Peter Jackson ou de BIKINI BANDITS “revendiqué” par la crème du punk / métal US, le film se paie un “George Romero présente” qui n’engage à rien, d’autant que l’on ne retrouve absolument pas la patte du réalisateur de ZOMBIES dans cette pantalonnade. Le vénérable cinéaste a-t-il vraiment visionné ZOMBIE KING dans son intégralité avant d’y apposer ce qu’il faut bien se résoudre à appeler un “label de qualité” ? Si oui, voici une preuve supplémentaire (après le décevant LAND OF THE DEAD) que Romero est définitivement bon pour la maison de retraite !
Bref, ZOMBIE KING est assez médiocre.
Au niveau des bonus, rien à se mettre sous la dent mais qu’un produit aussi mal fichu ait droit à une sortie en DVD est déjà un exploit. Pour ne pas terminer sur une note aussi négative, disons néanmoins que ZOMBIE KING se laisse regarder – une fois ! – d’un œil très distrait et que le tout est malgré tout attachant. Dommage que ce soit uniquement au niveau des intentions !


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- Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

- Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer


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