Dossierretrospective

Zontar, La Chose De Vénus

Au cours d’une expérience sur la conquête spatiale, le Dr. Keith Richie (Tony Huston) rentre en communication via sa radio personnelle avec un alien de la planète Vénus. La créature, nommée Zontar, lui fait miroiter mille et une choses pour le bien de l’humanité et lui promet d’œuvrer pour le Bien dès qu’il arrivera sur Terre. Mais, rapidement, Zontar dévoile un côté sombre, et s’avère être un dangereux prédateur pour la race humaine…
Ce scénario, c’est peu ou prou celui du film de IT CONQUERED THE WORLD de Roger Corman (1956) dont ZONTAR LA CHOSE DE VENUS se veut l’adaptation télévisuelle dix plus tard.

Et même si IT CONQUERED THE WORLD n’est pas un film extraordinaire – loin de là –, il faut bien avouer qu’il bénéficie d’un capital sympathie non négligeable auprès des cinéphiles (mais aussi et surtout des amateurs de nanards), tant ses innombrables défauts en font tout son charme et sa saveur.
Malheureusement, le capital sympathie du “remake” ZONTAR LA CHOSE DE VENUS de Larry Buchanan lui, fondra comme neige au soleil…

Ainsi, alors qu’il avait toutes les cartes en main pour réussir son coup et malgré un matériel de base déjà existant (le scénario de IT CONQUERED THE WORLD écrit par Lou Rusof), Larry Buchanan perd vite pied dès les premières minutes de son adaptation en développant certaines longueurs qui n’amèneront à rien (les scientifiques qui dissertent sur les bienfaits de la science, la véracité et la nature des menaces extra-terrestres…), en piochant ici et là quelques idées sur d’autres films (dont LE JOUR OU LA TERRE S’ARRÊTA) et en filmant l’ensemble d’une manière assez chaotique… le tout en 16mm !
C’est bien simple : ZONTAR LA CHOSE DE VENUS prend la forme d’un patchwork vide de sens, animé par des mouvements de caméras aléatoires et des prises de vue peu inspirées (les acteurs s’adressent souvent en face de la caméra pour donner une idée d’interaction…).

Mais il faut dire aussi que le maigre capital alloué au film (à peine 22 000 dollars) ne permet pas à Larry Buchanan de se donner les moyens de ses ambitions. De fait, le film comporte de nombreux stock-shots (le décollage des fusées) et de plans directement issus d’autres métrages (notamment pour les scènes extérieures).
C’est d’ailleurs pourquoi les apparitions du monstre vénusien sont plus que restreintes (on ne le verra vraiment que dans le dernier quart d’heure) et que l’invasion extra-terrestre ne se fera qu’au travers de quelques humains contrôlés à distance par les pouvoir de Zontar. Une manière grossière de cacher les limites budgétaires du film…
Qui plus est, avec un jeu d’acteur très plat – voire parfois carrément maladroit –, une musique agaçante et des effets spéciaux en carton-pâte totalement ratés (il n’y a qu’à avoir le “design” de Zontar et de ses “oiseaux-langoustes” dirigés par des cannes à pêche…), ZONTAR LA CHOSE DE VENUS se place sans conteste et malgré lui comme l’une des pires série Z TV des 60’s au côté de MARS NEED WOMEN du même réalisateur…

Mais là où le bât blesse c’est que ZONTAR LA CHOSE DE VENUS s’aventure de manière trop prégnante sur les pentes glissantes du maccarthysme primaire en faisant un parallèle navrant entre l’invasion extra-terrestre et les idéaux communistes. Un comble pour un film de 1966… soit réalisé plus de 10 ans après le vote de censure contre McCarthy !
De même, le côté réac’ du métrage ne sera pas en reste au détour de quelques dialogues qui valent leur pesant d’or : “ta radio ne fait que des sons incompréhensibles. Tu écoutes du jazz progressif ?” (sic).

A l’arrivée, le métrage s’avère donc être un film raté de bout en bout qui ne réussit même pas à arriver à la cheville de son modèle IT CONQUERED THE WORLD, tant il est bancal du début à la fin. Et si les pauvres moyens financiers du métrage n’aident pas Larry Buchanan dans son entreprise, ils n’en sont pas pour autant la seule cause de ce naufrage artistique !
Pire encore : le film n’arrive pas à faire (re)vivre le charme si singulier de l’esprit SF des 50’s qu’il prend comme modèle, et utilise des paraboles politiques assez fumeuses.
Un capital sympathie qui fond comme neige au soleil…

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