Zoom In : Sex Apartments

Un texte signé Yannik Vanesse

Japon - 1980 - Kurosawa Naosuke
Titres alternatifs : Zûmu In : Bôkô danchi
Interprètes : Araragi Yûko, Azusa Yôko, Iida Beniko

Une ravissante jeune femme au foyer regarde son mari s’en aller en voyage, après qu’ils aient, rapidement, faits l’amour. Dès qu’il est parti, elle se précipite dans un quartier HLM glauque où réside un homme qu’elle n’a pas vu depuis des années, mais qui lui a envoyé la clé de chez lui. Elle l’avait rencontré par hasard, et ils avaient ressenti de forts sentiments l’un pour l’autre mais, à l’époque, elle n’avait pas donné suite. Elle s’installe chez cet homme, découvrant la passion et la sensualité dans ses bras, alors que sévit, dans le quartier, un violeur malsain mettant le feu à ses victimes. L’amant de notre héroïne et ce terrible violeur ne feraient-ils qu’un ? C’est la question que se pose notre héroïne en même temps que le spectateur.

La firme japonaise Nikkatsu est célèbre pour ses romans-porno, films érotiques parfois diablement déviants, brassant des thématiques qui, certaines fois, peuvent laisser perplexes un spectateur occidental. On y retrouve dans certains, pêle-mêle, urologie, viols, humour étrange et thématiques déstabilisantes, comme de prétendre qu’une femme ne peut s’épanouir qu’à travers le viol et la soumission. Bien évidemment, certains romans-porno sont plus soft ou plus classiques dans leurs thématiques, mais n’hésitent pas, chez certains réalisateurs qui utilisent le roman-porno pour la liberté créatrice qu’il offre, à verser dans le gore et le malsain.

ZOOM IN : SEX APPARTMENT évite de plonger dans les fantasmes trop déviants. Bien que l’intrigue tourne autour d’un violeur en série, aucun de ses actes n’est filmé de manière complaisante pour exciter son spectateur. Au contraire, ils sont malsains, dérangeants et parfois sanglants, l’homme utilisant un instrument pour accorder les pianos, qui ressemble à un stylet, pour maîtriser ses victimes. Et la manière dont il leur met le feu ensuite fait plonger le film dans l’horreur la plus brutale.
Cependant, le métrage reste un roman-porno. Et, bien qu’offrant quelques scènes étranges (plusieurs jeunes femmes faisant pipi dans la rue, l’une mangeant le contenu d’une poubelle en regardant, fascinée, le violeur mettre le feu à une de ses victimes), il se tourne plutôt vers une sensualité assez classique et, il faut le reconnaître, bien excitante… L’héroïne est magnifique, et mime délicieusement bien la sensualité, aidée par une caméra qui sait s’attarder sur la plastique de la jeune femme.
Ainsi, ZOOM IN : SEX APPARTMENT mélange assez habilement l’érotisme et le thriller glauque et malsain. Certes, il n’y a pas vraiment de suspense, l’identité du violeur en série étant rapidement connue, mais l’histoire est assez intéressante. Les ficelles sont un peu grosses sur le pourquoi de cette débauche de violence, mais cela n’empêche pas le spectateur de se faire emporter dans ce maelström de sexe et d’horreur, jusqu’à une fin assez surprenante, mais non dénuée d’intérêt.
Ce film constitue une bonne entrée en matière des roman-pornos japonais, et offre même quelques scènes superbement poétiques, comme cette course-poursuite onirique, où la victime du violeur court sur place alors que les immeubles défilent, dont les lumière s’éteignent les unes après les autres, ou cette scène de sexe au milieu des flammes. ZOOM IN : SEX APPARTMENT est un métrage intéressant, horrifique et sulfureux, qui mérite le détour.


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- Article rédigé par : Yannik Vanesse

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