3 pistolets contre César
Le western italien se distingua toujours de son frère ennemi américain par ses outrances et ce long-métrage en constitue une nouvelle illustration. L’intrigue, très classique, se voit ainsi sublimée par une foule d’idées déjantées qui rendent cette petite production fort sympathique.
Le film possède, tout d’abord, non pas un mais bien trois héros, des demi-frères nés du même père mais de mère différente. Le premier, White Selby (Thomas Hunter vu dans LA LEGION DES DAMNES) est un pistolero équipé de nombreux gadgets à rendre jaloux James Bond…ou James West. Le second, Etienne Devereaux (Nadir Moretti apparu dans quelques péplums comme LE GRAND DEFI) est un séduisant Français doté de pouvoirs paranormaux : magnétisme, hypnotisme, contrôle mental et même télékinésie (bien pratique pour gagner à la roulette). Le troisième, enfin, Lester Kato (James Shigeta, un familier de la télévision revu bien plus tard dans PIEGE DE CRISTAL) est un Japonais forcément expert en arts martiaux. Nos trois amis sont à la recherche d’une mine d’or appartenant à leur père spolié par un tyran, Jules César Fuller (Enrico Mario Salerno, L’OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL) tellement obsédé par l’empereur romain qu’il s’est bâti un palais dans lequel, vêtu d’une toge, il règne sur un harem protégé par sa propre garde prétorienne tout en se faisant lire les exploits de son homonyme par un vieux professeur ! L’atout charme du film, pour sa part, est assuré par Femi Benussi, starlette du giallo et de la sexploitation italienne des années 70.
Quoiqu’il ne remplisse pas toutes les promesses de son intrigue déjantée (les capacités particulières de nos héros sont quelque peu sous-exploitées) à l’image d’autres spagh’ délirants comme BLINDMAN LE JUSTICIER AVEUGLE, ce petit western joliment emballé par Enzo Peri (dont ce fut la seconde et dernière mise en scène) se révèle attachant : un rythme alerte (la durée restreinte à 80 minutes est adéquate), de beaux paysages algériens (il s’agit apparemment de l’unique western tourné là-bas) et une musique entrainante qui se conforme aux clichés du genre. Les scènes de combats, d’action et de fusillades sont nombreuses et nos vaillants demi-frères affrontent régulièrement des hordes de méchants dans des affrontements à un contre dix typique du style italien.
L’une ou l’autre longueur (notamment des passages dansés pas vraiment utiles) atténuent légèrement l’enthousiasme mais l’ensemble s’avère très plaisant pour les amateurs de curiosités à l’italia. Un sympathique divertissement.