BIFFF 2007 : JOUR 04 : 08/04/07
Tuer encore ? Jamais plus !
Petit lexique à l’attention de ceux qui ne connaissent pas le Festival du film fantastique de Bruxelles : le BIFFF, ce n’est pas qu’une suite ininterrompue de projections, activité qui à elle seule suffirait pourtant à rassasier l’amateur le plus mordu (par un vampire of course). Non, c’est aussi une ambiance déclinée au long d’un panel richissime d’activités, qui s’étoffent d’édition en édition. Certaines sont devenues des classiques, tel la compétition de body painting, le rafting sur marée humaine, le bal des vampires…
Mais ce qui fait aussi la particularité de l’événement, c’est l’extraordinaire interaction entre le festival et son public, interactivité qui au fil des ans s’est transformée en un joyeux rituel qui ne cesse de se renforcer et s’enrichir. Ainsi, à l’instar du ROCKY HORROR PICTURE SHOW, une projection au fantastique se doit d’être accompagnée d’une série d’interventions du public :
-juste avant le début de la projection, les habitués entonnent traditionnellement un court chant qui fédère le noyau dur des fans. Un fort en voix lance ensuite un tonitruant « TUER ENCORE ? » auquel l’assistance hurle en retour « JAMAIS PLUS ». L’origine de ce rituel remonte tout simplement à une bande-annonce diffusée il y a plus d’une dizaine d’années dont ces deux phrases étaient la tagline.
-Pendant le film, un acte particulièrement sadique forcera un autre festivalier à interroger ses condisciples d’un « MAIS POURQUOI EST-IL SI MECHANT ? » lesquels lui asséneront en retour « PARCE QUE ». Les publivores auront sans doute retrouvé là les célèbres répliques d’une publicité pour Orangina sanguine, due à Johan Camitz.
-L’apparition d’un plan montrant une lune pleine forcera la salle à hurler, telle une bande de loups en chasse.
-Depuis quelques années maintenant, une séquence dénudant une actrice entraîne souvent le commentaire « QUEL BEAU FILM ! » (à hurler de préférence d’une voix naïve ou simplette) tandis que le réalisateur qui pudiquement détourne la caméra, préfère l’ellipse ou habille un peu trop ses actrices soulèvera une juste réprobation.
-L’amateur de fantastique sait se moquer des clichés inhérents au genre. Ainsi, l’incroyable stupidité/naïveté de nombreux protagonistes les fait systématiquement se diriger droit vers le danger. Le public ne peut laisser ainsi les « gentils » se lancer dans la gueule des « méchants » et se doit donc de les prévenir d’un « N’Y VA PAS ! ».
-Un appel téléphonique générera parfois un « wazaaaaaaaaaaaa », à nouveau issu de la culture publicitaire ou, si le film est japonais, un « moshi moshi ».
-Hélas, un des plus grands rituels est actuellement en voie de disparition. Le Passage 44 qui a abrité le festival pendant 24 ans avait pour particularité d’avoir ses entrées juste à côté de l’écran. Les portes, une fois ouvertes, restaient régulièrement bloquées. Toute personne quittant la salle ou arrivant en retard créait donc, par cette béance, un accès de lumière de fort mauvais aloi, ce que l’un ou l’autre biffophile se faisait toujours un devoir de rappeler bruyamment par un « LA PORTE » auquel tel autre, dérangé dans sa vision, répliquait – de préférence en criant plus fort – par « TA GUEULE ». Par contamination, une porte laissée ouverte dans un film soulevait régulièrement le même enchaînement de commentaire. Le déménagement au site de Tours et Taxis a fait disparaître le problème des portes restées ouvertes, ce qui ne manque pas de désemparer une partie du public. Mais que fait l’UNESCO pour protéger ce patrimoine immatériel de l’humanité ?
Philippe Delvaux
Au programme de ce 4ème jour, le BIFFF propose tout d’abord une coproduction asiatique qui porte bien son titre. Dans TRIPPING, une adolescente se retrouve dans le Taiwan féodal où elle affronte des hordes de zombies. Dans le canadien THE ENTRANCE, une jeune fliquette à affaire à l’un des ambassadeurs du Diable sur Terre, venu chercher de nouveaux adhérents parmi les criminels de la ville. MARMORERA, quant à lui, est un film suisse dans lequel une jeune femme est retrouvée encore en vie dans un lac par des pécheurs. Emmenée dans un hôpital, il va s’avérer qu’elle possède des souvenirs très précis de la région, mais datant d’une autre époque… De leur côté, Danny et Oxide Pang nous refont le coup des fantômes enfants dans THE MESSENGERS où Denise et Roy Salomon emménagent dans une ferme qui n’est finalement pas aussi inhabitée que ce qu’ils espéraient. THE INVISIBLE est le remake d’un film suédois de Joël Bergvall et Simon Sandquist, où un jeune homme, surdoué, devient invisible en revenant de l’hôpital où il y a été envoyé par un camarade de lycée. SIMON SAYS nous permet de retrouver Crispin Glover dans une comédie horrifique où il incarne un serial killer à la double personnalité. En rétrospective, le BIFFF présente le peu connu REFLECING SKIN de Philip Ridley dans lequel un gamin est persuadé que sa voisine est un vampire.
Aujourd’hui, nous vous proposons deux articles. NOS AMIS LES TERRIENS, projeté lors du premier jour du festival et THE UNKNOWN WOMAN qui a fait la joie du public hier soir.
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