BIFFF 2015 : la riche programmation
Ça y est, le Brussel International Fantastic Film Festival (le BIFFF quoi) est de retour pour sa 33e édition (l’âge de l’antéchrist ?) et ça va faire mal, très mal. Les fous furieux du plus délirant festival bruxellois ont encore mis le paquet pour nous en mettre plein les mirettes. Et on va déguster, avec une délectation non feinte mais cependant ponctuée de tonitruants « JAMAIS PLUS » (pour les non-initiés, il s’agit d’une réplique d’une antique bande annonce, plus que régulièrement scandée par la foule en délire, de même que celles de la mythique pub pour Orangina sanguine « Mais pourquoi est-il si méchant ? PARCE QUE ! »). Bon, donc, revenons-en à l’essentiel et découvrons ce que nous ont concoctés la bande à Peymey (les organisateurs du BIFFF).
Double ouverture, pour absorber la foule, avec le nouveau Joe Dante (résonnez trompettes) : BURYING THE EX d’une part et le nouveau Tsui Hark, THE TAKING OF TIGER MOUNTAIN 3, qui va encore nous ficher un solide mal de crâne avec sa 3D virevoltante et épileptique (mais on aime ça).
On se souviendra du prix du public attribué naguère à RARE EXPORT (Jalmari Helande). Eh bien, le BIFFF prolonge cette reconnaissance par la clôture offerte à son BIG GAME. On reste dans les films venus du froid pour la seconde clôture avec IN ORDER OF DISAPPEARANCE qui arrive auréolé du prix du Fantasia de Montréal.
Parmi les thématiques de 2015, deux sud-américaines (« Focus Argentina » et « Blood Window »). On vous conseille déjà THE HOUSE AT THE END OF TIME qui a plus que des accointances avec un certain CRONOCRIMINES qui enchanta en son temps le BIFFF. Et puisqu’on parle du premier Nacho Vigalondo, éloignons-nous déjà de l’Amérique du Sud pour indiquer que cet habitué des travées du BIFFF (CRONOCRIMENES/TIMECRIME, EXTRATERRESTRIAL) nous revient déjà avec OPEN WINDOWS, dans le genre casse-gueule des films « que tu les vois à travers des écrans d’ordi ». Assez jouissif si on fait abstraction de certaines incohérences (de toute manière, on s’en fout : y’a Sasha Grey dedans, et faites pas semblant de pas voir de qui on cause). Et du fantastique latin, on relève encore qu’après THE HEART OF THE WARRIOR (Bifff 2001), THE KOVAK BOX (Bifff 2007) et CELL 211 (Bifff 2010 où il récolte le prix du thriller), Daniel Monzon revient avec EL NINO.
Depuis des années, l’Asie se taille une part de dragon dans la prog’, la preuve par les trois thémas de 2015 : « Rétro Kung Fu » nous fera réviser nos classiques, « Hong-Kong is back » aligne le nouveau Dante Lam, THAT DEMON WITHIN, le nouveau Fruit Chan, THE MIDNIGHT AFTER, et le Tsui Hark d’ouverture, qui ensemble viennent nous prouver que (les anciens de) Hong-Kong compte(nt) encore. Et enfin, la Corée reste toujours bien présente via la théma « I’m a Seoul man » et nous envoie HAEMO, THE DIVINE MOVE, THE TERROR LI, NO TEARS FOR THE DEAD (du réalisateur de THE MAN FROM NOWHERE), THE TARGET (on vous le conseille aussi, celui-là) et le nouveau KIM KI DUK (qui nous avait scotché au BIFFF 2014 avec son MOEBIUS), le champion du box-office local ROARING CURREN. Enfin, on vous recommande déjà le coréen HARD DAY, pur produit d’exploitation comme on sait les faire au pays du matin calme (en d’autres termes, le matin n’y est pas si calme que ça) et qui avait été présenté à Cannes 2014.
Du Japon, on avait un peu perdu de vue Kitamura, un des grands chouchous du BIFFF (depuis VERSUS jusqu’à MIDNIGHT MEAT TRAIN). Son aventure américaine semble terminée puisque le voilà de retour au Japon pour une nouvelle adaptation de LUPIN THE THIRD (EDGAR DE LA CAMBRIOLE en VF). Nous fera-t-elle oublier celle de Myazaki ? Quant à Hideo Nakata, son dernier effort avait laissé plus d’un Biffeur dubitatif (et même bruyamment dubitatif), mais il nous doit bien une revanche avec MONSTERZ. On jugera sur pièce. En 2011, le BIFFF présentait la nouvelle adaptation de KENSHIN LE VAGABOND et voici que déboule non pas une mais bien deux suites à cette désormais trilogie.
Dans le reste de la prog’, impossible évidemment de tout lister ici. Mais on pointera quand même quelques belles pièces. THESE FINAL HOURS continue sa tournée des festivals et sa présentation au BIFFF précèdera de peu sa sortie belge en salle. THE BABADOOK, le film au titre intriguant a fait plus qu’intriguer puisqu’il a déjà récolté 33 awards ici et là. Un 34e au BIFFF peut-être ? Mais dans la série « je rafle tous les prix », on s’en voudrait de ne pas citer le grand vainqueur des Goya espagnols : LA ISLA MINIMA (Alberto Rodriguez).
Et puis le BIFFF, c’est aussi les films cramés du bulbe, les improbables rejetés au cœur de la nuit (enfin, à 1 heure du mat’), genre LES JAUNES dont on ne résiste pas à reprendre l’accroche du programme : « Get ready for some maple syrup horror with troll slayers, nazi’s and tentacled monsters fighting it out with each other in a small town in the north of Quebec.” La prog’ « extrême » aligne par ailleurs entre autres le néo giallo canadien THE EDITOR, le japonais DEADMAN INFERNO, et l’inévitable Nishimura avec son THE NINJA WAR OF TORAKAG. Et enfin, parmi les habitués du BIFFF, le taïwanais Joe Chien qui enchaine ZOMBIE FIGHT CLUB après THE APOSTLE (l’année dernière) et ZOMBI 108 (en 2013). Et puis, y’a aussi le film à sketch de Michael Kosakowski , Andreas Marschall (TEARS OF KALI, MASKS) and du bien trashy Jörg Buttgereit (NEKROMANTIK) : GERMAN ANGST annoncé comme « ne convenant pas aux cœurs sensibles »… sans dec’.
Et encore, et encore et encore… on baisse les armes devant l’abondance de l’offre, allez vous faire une religion (sataniste ?) devant la programmation.
Les habitués le savent, le BIFFF, c’est bien plus que les seuls films. Une kyrielle d’activités gravitant autour du fantastique, le tout nappé d’une ambiance délirante, créée en bonne partie par le public lui-même. Donc, si l’orgie filmique vire à un moment à l’indigestion, on se réorientera vers la concours de maquillage, et le très alléchant body painting, les rencontres Q&A avec les réalisateurs, producteurs et acteurs, le marché du film, les dédicaces BD (et les célèbres sérigraphies des affiches du festival, cette année, c’est à Servais que nous revient l’honneur), les expositions, le concours de nouvelles, les animations, le Gaming Madness day, les matinées pour enfants (si, si, c’est possible, on ne les sacrifiera pas, c’est promis), les masterclass, le sacre des chevaliers du Corbeau, le cosplay, la parade zombie et, le très couru et très demandé Bal des vampires, qui s’en revient hanter Tour et Taxis où se tinrent quelques éditions du Festival.
On frise l’AVC là ? C’est rien, on reviendra en zombie !
Quand : du 7 au 19/4/2015
Où : Bruxelles, BOZAR