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Val Lewton, Nancy Drew, Ulli Lommel, Flower and Snake, Leprechaun, Patrice Herr Sang, Marian Dora.

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Bood On Her Name (2019) – Héritage sanglant

Un texte signé Faye Fanel

Nationalité
USA
Année de production

2019
Réalisation

Matthew Pope
Interprètes

Bethany Anne Lind, Will Patton, Elizabeth Röhm, Jimmy Gonzales

Pour son premier long métrage Bood On Her Name, Matthew Pope aborde le thème de l’autodestruction à travers une série de mauvais choix et de leurs conséquences, ainsi qu’une réflexion sociale, dans un thriller oppressant.

Dans une petite ville des États-Unis, Leigh, propriétaire d’un garage en difficulté, tente de reconstruire sa vie après l’arrestation de son mari et la conditionnelle de son fils pour violences. Cependant, une agression violente dans son garage la pousse à prendre une décision qui change sa vie à jamais : dissimuler le corps de son agresseur plutôt que de contacter les autorités.

Blood on her name

La violence dans le sang

Bood On Her Name débute par une tache de sang, la caméra recule pour dévoiler l’horreur froide et glaçante, un homme mort, le crâne brisé. L’originalité de Blood on Her Name est là : introduire le film par l’événement perturbateur plutôt que de nous présenter l’héroïne et son quotidien en premier. Le public la découvre par le prisme de la mort. Leigh est tout d’abord un visage déformé par l’horreur et le dégoût. Le réalisateur la filme comme le cadavre, blanche et pétrifiée. Le montage passant de l’un à l’autre permet de comprendre que ce moment marque une cassure dans l’esprit de l’héroïne. Impression également soulignée par une photo grise qui place le sang au premier plan. La violence dirige la vie de Leigh. Sans un mot, Pope annonce le ton du film.

La caméra ne lâche jamais la protagoniste, traquant la moindre de ses expressions et l’enfermant souvent de façon peu subtile dans le cadre. Le spectateur doit comprendre l’oppression et la panique dans lesquels évolue le personnage. Leigh est dévorée par la culpabilité et traumatisée par le sang. Cet élément est le fil rouge de l’histoire et introduit la notion de fatalité. Elle a vécu un événement traumatisant qui l’a conduite à prendre sa première mauvaise décision. Chaque fois que la couleur rouge est présente dans le cadre, Leigh fait une erreur sans pouvoir l’éviter.

Pourtant, l’intrigue lui offre de nombreuses occasions de bien agir et de changer son destin, mais elle préfère blâmer son père plutôt que d’affronter sa part de responsabilité.

Cette couleur rouge sert également de vecteur de tension en soulignant des détails comme un collier perdu ou bien encore une blessure défensive. Ce rappel constant au cadavre, rend Leigh de plus en plus tendue. Elle perd la raison, le sens de la réalité et assiste à la destruction de son univers. On regrette cependant que la mise en scène appuie parfois un peu trop ces effets, apportant ainsi de la lourdeur à la scène et annulant son impact émotionnel.

La distribution permet de rendre crédible cette histoire et, malgré le sujet sombre du film, le spectateur arrive à se lier aux personnages. On ne trouve pas de grandes têtes d’affiche. Cependant, les fans de série TV et de films d’horreur sont heureux de retrouver Will Patton vu dans les derniers Halloween et la série Silo, Elizabeth Röhm de la série Angel, Jimmy Gonzales aperçu dans Mayans. Pour terminer, dans le rôle titre, Bethany Anne Lind livre une performance plutôt juste et touchante dans le rôle difficile de Leigh, une femme subissant une grande pression mentale.

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Une femme piégée

Leigh, protagoniste tourmentée de ce thriller oppressant, vit sous l’emprise des hommes qui l’entourent. Son père, un shérif corrompu, impose ses propres erreurs à sa fille, tandis que son mari a ruiné son entreprise et que son fils est un délinquant violent. Captive de son passé et de son présent, Leigh lutte pour survivre, en proie à une pression psychologique constante initiée par cet entourage masculin.

Lorsque Leigh rencontre le contrôleur judiciaire de son fils, elle réalise que peu importe le crime, une mauvaise graine reste une mauvaise graine, et que la seconde chance est une illusion pour les plus pauvres du pays. Cette scène s’intègre parfaitement dans le contexte social oppressant de ce thriller, soulignant le manque de confiance de Leigh envers la justice. Cette scène permet de mieux comprendre pourquoi l’héroïne a choisi de ne pas appeler la police alors qu’elle est victime d’une agression. Elle n’a plus confiance dans la justice, car les hommes la font. Le cadre l’enferme souvent peu subtilement dans une pièce, l’isole ou bien encore prive le personnage de lumière. Le public comprend la solitude et la panique du personnage.

Nous retrouvons la même constatation lorsqu’elle discute avec Dani, la compagne de l’homme tué. La veuve mène l’enquête sur sa perte plutôt que de laisser la police faire son travail. La scène du garage permet de comprendre principalement par le jeu des deux actrices et les dialogues que pour avoir une résolution juste, les deux femmes devront régler l’affaire entre elles. Le public ressent la souffrance des deux protagonistes et combien il s’avère dur de survivre dans un monde dominé par les hommes. Les problèmes sont causés par leurs violences et ce sont les femmes et les mères qui doivent trouver des solutions et souffrir. Cette partie du film quitte les codes du Thriller pour basculer dans ceux du western. Les deux femmes se livrent un duel psychologique avant de basculer dans un affrontement physique dans un duel riche en émotions.

Bood On Her Name, réalisé par Matthew Pope, s’impose comme une bonne surprise cinématographique. Derrière son atmosphère oppressante, ce thriller offre un drame social porté par un bon casting, notamment Bethany Anne Lind, qui campe le personnage de Leigh avec une prestation mêlant fragilité et folie. La réalisation solide de Matthew Pope, bien que parfois maladroite et classique, réussit à captiver le spectateur.


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Article rédigé par Faye Fanel

Ses films préférés - Chantons sous la pluie, The Thing, La maison du diable, Evil Dead 2, Fire walk with me... Ses auteurs préférés - JRR Tolkien, Stephen King, Amélie Nothomb, Lovecraft, Agatha Christie... J’adore le cinéma d’horreur et parler de mes nombreuses passions dans mes podcasts sur James & Faye ainsi que sur le site Les Réfracteurs.