|
Nationalité |
Après avoir surpris son fiancé avec sa sœur, Runa décide d’épouser Dieu et entre ainsi au couvent. Très vite, elle réalise que la vie au couvent est moins sainte qu’elle n’y paraît de l’extérieur et que son prêtre initie toutes les nouvelles venues d’une façon très personnelle. Déçue par le monde en général, elle concocte un plan pour se venger de tous ceux qui lui ont fait du mal.
Masaru Konuma s’est fait un nom avec ses contributions au Roman Porno, sous-genre du pinku eiga conçu et conquis par la Nikkatsu à partir de 1971 avec son APARTMENT WIFE : AFFAIR IN THE AFTERNOON. Masaru Konuma lui-même a fait ses débuts au sein de la Nikkatsu avec CALL OF THE PISTIL en 1971 et a fait plusieurs contributions notables avec FLOWER AND SNAKE et WIFE TO BE SACRIFIED (tous les deux en 1974).
CLOISTERED NUN reste néanmoins une bonne entrée dans le Roman Porno. Pour tous ceux qui n’ont pas encore perdu leur virginité avec ce genre, une première rencontre peut s’avérer légèrement déconcertante. Si la Nikkatsu demandait un nombre obligatoire de scènes de sexe par métrage, leurs réalisateurs avaient toutes les libertés en ce qui concernait la mise en scène et les sujets. Ainsi, un seul film pouvait virer du romantique à la comédie, en faisant un détour par du S&M. En plus, les Roman Porno ont la réputation, au moins pour nos sensibilités occidentales, d’être tout sauf politiquement correct.
Ainsi, CLOISTERED NUN ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de caractériser l’église catholique. Même si les scènes au couvent se limitent au début et à quelques flashbacks, il semble assez clair que le prêtre prend un sacré plaisir à violer ses sœurs. Dans beaucoup de films érotiques japonais, la représentation du viol est de rigueur, et CLOISTERED NUN ne fait donc pas figure d’exception. C’est surtout ce rapport entre viol et plaisir sexuel qui peut poser un dilemme moral au spectateur occidental. Masaru Konuma va même jusqu’à proposer qu’un viol plaira finalement aussi à sa victime. Il pose cet acte comme la fantaisie ultime des femmes dans ce qui reste malgré tout un film de couple. Ceci a depuis longtemps légitimé dans le paysage cinématographique japonais une pratique qui donnerait à l’Occident des crises cardiaques collectives aux féministes.
Il est d’autant plus difficile de simplement condamner la véracité de ces propos si on considère l’enthousiasme et le plaisir avec lesquels les actrices se soumettent à leur rôle. Runa Takamura n’est certes pas une beauté dans le sens traditionnel, mais elle est tellement gaie devant la caméra qu’il est difficile de ne pas s’amouracher d’elle. Et si elle n’est pas forcément très bonne actrice, elle arrive néanmoins aussi bien à camper la femme enfantine que la vamp manipulatrice.
Bien que Masaru Konuma soit bien servi par un groupe d’acteurs à la hauteur, la force du métrage reste dans la mise en scène. Contrairement aux films érotiques occidentaux de l’époque, les Roman Porno ne trahissent que rarement leur budget par leur mise an scène. Dans CLOISTERED NUN, Masaru Konuma utilise à merveille le scope de l’image, nous offrant des compositions parfaites. Il suffit de voir son utilisation du rouge comme symbole du voyage intérieur de son héroïne pour réaliser à quel point le réalisateur s’efforce d’exploiter les limites du genre.
CLOISTERED NUN n’est finalement pas le film le plus extrême du Roman Porno, ni même de son réalisateur, même il s’avère être tout de même un point de départ idéal pour les novices. A recommander pour tous qui aiment leur cinéma politiquement absolument incorrect, mais beau à voir.
Cher lecteur, nous avons besoin de votre retour. Au choix : | |
Vous appréciez notre travail, c’est important pour nous motiver à continuer. Merci ! |
Article rédigé par Tom Flener
Ses films préférés -