Cooties
Clint, aspirant écrivain, fait son premier jour de remplacement dans l’école où il a grandi. Très vite, il réalise que les choses ont bien changé. Les écoliers sont nettement plus virulents et capricieux qu’à son époque. Et ce n’est pas près de s’améliorer puisqu’un virus, s’abattant sur tous les prépubères, va transformer ces chères têtes blondes en zombies assoiffés de chair fraîche !
Original dans sa forme autant que dans ses choix de mise en scène, COOTIES est une comédie horrifique totalement dans la veine d’un THE VOICES. C’est-à-dire, délirant, drôle, un brin cynique… et totalement irrévérencieux dans un paysage cinématographique où le film d’horreur destiné à la salle de cinéma est propret, suivant les lignes toutes tracées des succès précédents, type ANNABELLE ou bien OUIJA. Il est vrai qu’un postulat de départ comme celui de COOTIES, à savoir des zombies-enfants, promet d’être généreux.
Prometteur dans l’idée, mais qu’en est-il dans les faits ?
Derrière la caméra, on retrouve deux débutants, Cary Murnion et Jonathan Milott. Ils ont réalisé auparavant un court-métrage pour le moins étrange dans lequel un implant mammaire terrorisait un hôpital. Côté scénario, on trouve tout d’abord Leigh Whannel qui a travaillé sur SAW et INSIDIOUS accompagné d’Ian Brennan scénariste des séries Glee et Scream Queen. Quant à la production, COOTIES est signé par Spectre Vision, la boîte de Production d’Elijah Wood. Véritable amateur de film d’horreur, ce dernier décide d’utiliser l’argent gagné avec la saga du SEIGNEUR DES ANNEAUX pour produire des films d’horreur comme il les aime. Ainsi, il produit six films dont A GIRL WALKS HOME ALONE AT NIGHT, film oscillant entre le film d’auteur et de genre. L’amour d’Elijah Wood pour le film d’horreur le pousse également à jouer dans des films qu’il ne produit pas comme MANIAC où il reprend le flambeau de l’incroyable Joe Spinell. COOTIES a doublement bénéficié de cet engouement, car il est à la fois produit par Elijah Wood et porté par celui-ci dans la mesure où il y joue un personnage central.
Suivant le schéma tracé par SHAWN OF THE DEAD, COOTIES met en scène des loosers se retrouvant face à une menace, non seulement inédite mais aussi totalement imprévisible. En effet, le virus qui a transformé les enfants en zombies voraces n’a nullement atteint leur intelligence ! Ainsi, les professeurs, qui ne sont pas spécialement des exemples d’héroïsme ni de brillants génies, vont vite se rendre compte que leur chance face aux enfants sont minimes, quasi nulles. Socialement intelligents, les zombies les isolent et les harcèlent, sans cesse, créant ainsi une tension insupportable. Ajoutez à cela un aspect gore donnant dans le crado avec le patient zéro porteur de belles pustules, COOTIES lorgne alors carrément du côté d’un PLANET TERROR.
Côté humour, le film nous en donne pour notre argent : les élèves torturent leurs professeurs avec une joie vicieuse. Une prof explique gentiment comment fonctionne son alarme anti-viol tout en se plaignant qu’on ne la laisse pas porter d’arme à feu. Le prof de sport s’avère incapable de marquer un panier. Le spectateur fait même la connaissance d’un personnage de psychopathe qui fout les jetons aussi bien à l’équipe éducative qu’aux élèves. En réalité, COOTIES n’épargne personne, et surtout pas les parents !
Bien sûr, comme dans tout film de zombie, derrière les vannes et les personnages stéréotypés se cache une satire sociale. Ainsi, les enfants sont décrits comme des monstres d’égoïsme alimenté par des parents les ignorant passablement et des professeurs incapables de communiquer avec eux normalement. Si la critique de l’enfant roi est là, ce sont définitivement les adultes qui sont jugés coupables ! En effet, aucun des adultes n’est capable de regarder ne serait-ce qu’un instant, les enfants. Tous font preuve d’un incroyable égoïsme. L’infection aurait pu être endiguée au début de la contamination si les adultes avaient compris ce qui se passait. Pour cela encore aurait-il fallu regarder attentivement les enfants, chose que les professeurs, et encore moins les parents, ont faite ! Dès lors, il est nullement étonnant que le virus se propageât aussi rapidement, comme une sorte de sentence divine, de punition implacable envers un monde trop égocentrique pour mériter d’exister.
Cependant, au-delà de la critique sociale, il y a également celle de l’alimentation industrielle et en particulier de l’élevage en batterie. En effet, l’origine du virus se situe dans des nuggets, ce qui rend le sujet du film plus drôle encore : attention à la volaille tueuse ! Il ne faut naturellement pas s’attendre à des poulets prenant d’assaut la ville, en réalité COOTIES sait se montrer subtil. Mais les poulets contaminent néanmoins les enfants, les transformant en l’arme la plus parfaite au monde car qui s’inquiète d’un enfant ? En somme, c’est un film de vengeance, vengeance de poulet, mais aussi vengeance d’enfants.
Terriblement drôle, mordant, efficace et original, COOTIES est une réussite. Sous ses couleurs vives et sa mise en scène pétaradante se cache un film comme les années 80 en produisaient à la pelle et qu’on croyait quasiment disparus, un de ces films qui nous fait passer de très bons moments.