Des Dollars Plein la Gueule
Des bonnes soeurs se font dérober leur argent par des bandits. Amen (Lincoln Tate), un chasseur de primes, infiltre bientôt la bande…
Le film commence par une joyeuse chanson, proche de certains travaux tout en légèreté des frères De Angelis ou de ceux de l’autre célèbre duo, Bixio-Tempera, à l’oeuvre sur les CARAMBOLA de Ferdinando Baldi.
Lincoln Tate campe ici un pistolero du nom de Amen (parce qu’il fait son signe de croix quand il tue quelqu’un !) Bien qu’il ait une panoplie de cow-boy plutôt minable, son visage barbu, le cigarillo aux lèvres, le place tout autant que son habileté au tir dans la filiation directe des anti-héros de western italien. Bien sûr, même s’il flingue pas mal de méchants, ce n’est pas un personnage très sérieux, car nous sommes dans un western parodique avant tout. Ce film est nettement sous l’influence des TRINITA : méchant ridicules (le chef de bande mexicain ressemble à un hippie habillé en général d’operette), bagarres (moins inventives que chez E.B Clucher cependant), gags bien gras (comme quand des bandits se battent pour aller aux toilettes après avoir ingurgité une purge)…
DES DOLLARS PLEIN LA GUEULE s’inscrit aussi dans la mode des héros au nom à consonnance religieuse, genre Alleluia, Sacramento ou Spirito Santo.
On dirait parfois qu’il va virer au western sérieux (début de viol, coups de feu mortels, un frère assassiné à venger…) mais ce n’est jamais le cas. Le ton est au gros comique.
Sans être jamais vraiment drôle, DES DOLLARS PLEIN LA GUEULE est constamment sympathique. On sourit souvent, avec une certaine indulgence sans doute, et, au fond, ce film rend plutôt joyeux. Difficile de dire pourquoi l’on trouve un film bis plus « sympathique » qu’un autre. Cela peut-être dû à ses acteurs, à une ambiance agréable ou à une évidente volonté de bien faire. Même si ici on se doute que l’équipe ne s’est pas foulée…
Certes, Lincoln Tate est loin de valoir Terence Hill, et son personnage ne dégage pas le même charme que celui de Trinita, mais il y a deux jolies filles (notamment la chef des religieuses), un méchant grotesque, des trognes bizarres… Et c’est déjà beaucoup !
Le chef de bande ennemi de Amen a gagné son surnom de Catapult parce que son obsession est de placer ses adversaires sur… une catapulte et de les projeter dans les airs bardés de feux d’artifice ! La scène qui développe cette invention scénaristique originale est étirée au maximum, avec toute la lourdeur qui caractérise le film. Tous les effets comiques y sont pour le moins appuyés… On a même droit à un shériff bègue et à de la drague homosexuelle bien caricaturale.
La bagarre finale entre Amen et Catapult est marrante : plutôt brutale au début, elle se poursuit comme une partie de tennis ! Il faut le voir pour le croire.
Mario Bianchi, grand faiseur de porno ici caché sous pseudonyme, réalise le tout platement et sans inspiration. Ce n’est donc pas de sa mise en scène qu’on peut tirer du plaisir. C’est simplement de certaines situations plus amusantes que d’autres.
Si l’on ajoute que DES DOLLARS PLEIN LA GUEULE réserve une (légère)surprise à la fin, on ne peut que rester sur une impression plaisante à la vision d’un tout petit film qui ne fait jamais trouver le temps long.