Dragon Sword
Voici un film dont le titre choisit pour son exploitation française pourrait en tromper plus d’un. DRAGON SWORD, titre qui sonne bon à l’oreille de l’amateur d’heroïc-fantasy et aussi vendeur que celui d’un jeu vidéo à succès, n’est autre qu’un film familial et n’en a d’ailleurs d’autres prétentions. Le titre original, plus juste, situe mieux la chose : GEORGE AND THE DRAGON.
Le film conte l’histoire d’un preux chevalier s’en revenant de guerres lointaines (La Palestine). Nous sommes aux temps des croisades. Le chevalier, qui se prénomme George, se retrouve dès son retour sur le sol britannique à chercher une jeune princesse, fille d’un roi que son père a noblement servit. En échange de quelques modestes terres, il promet au monarque de lui ramener sa fille, saine et sauve.
Ayant prit la fuite pour échapper à un mariage qu’elle ne désirait pas, la princesse Luna a dans sa fugue fait la connaissance d’une femelle dragon. Blessée, la dragonne ne peut plus veiller sur sa progéniture. Ainsi, comme investie d’une grande mission, elle veille jours et nuits sur ce qui pourrait être le dernier spécimen vivant d’une espèce craint et redoutée de l’humanité depuis la nuit des temps.
George, brave et courageux, mais qui n’aime pas s’encombrer, veut se débarrasser de l’œuf dès qu’il eut mit la main sur la princesse. Loin d’être farouche, Luna s’y oppose, quitte à corriger le chevalier. Une fois mit d’accord, les deux comparses feront tout pour protéger l’œuf, tout en devant s’opposer à des mercenaires que la récompense promise aux sauveurs de la princesse a aguichées et, accessoirement, tenter d’empêcher le putsch du traître à la couronne, également le fiancé de la belle.
Comme vous devez vous en doutez, et comme dans toutes les belles histoires qui peuvent s’apparenter à l’univers des contes, le chevalier et la princesse, certes se chamailleront, seront poursuivis par de méchants mercenaires, mais finiront par s’aimer et, n’en doutons pas, avoir beaucoup d’enfants. Si l’on peut saluer la bonne humeur véritable de l’entreprise et le casting qui respire la sympathie, DRAGON SWORD souffre d’un scénario scolaire. Tout cela manque d’envergure, de panache, de souffle, de ce quelque chose qui transporte un temps soit peu le spectateur.
Au sommaire des curiosités, et là est toute l’étrangeté de ce film, notons les présences aux génériques de comédiens venus respirer le blé des prairies moyenâgeuse. Citons, en vrac, Patrick « qu’il est loin le temps de POINT BREAK » Swayze, Jean-Pierre Castaldi (en moine plaisantin), Val Kilmer (çà dure trente secondes), ou encore Michael Clark Duncan, le gentil géant de LA LIGNE VERTE. Ces têtes familières, qu’on a connues certes en meilleures formes, participent à la création de cette bonne humeur ambiante.
Reste que l’adaptation cinématographique de la fameuse légende de Saint Georges, chevalier qui devint le Saint Patron de l’Angleterre en arrachant une princesse des griffes d’un redoutable dragon, reste à faire. D’ailleurs, DRAGON SWORD ne peut être plus éloignée de la légende. Mais il est vrai que cela aurait été « moins familial » de s’y tenir, les derniers jours de Saint Georges n’ayant rien de commun avec une production Disney. A ce titre, notons la laïcité du projet, débarrassé de références religieuses explicites et prônant l’amitié entre les peuples : George revient des croisades mais ce qu’il y a ramené c’est l’amitié d’un ennemi.
Du saint martyr de la légende les scénaristes n’en ont rien retenus, mais leur George peut aller boire à la taverne, combattre une horde de mercenaires et séduire la princesse. Un héros de notre temps en somme.