Du sang pour lady Bathory
En l’espace de deux gros romans publiés au PRE AUX CLERCS, SIRE CEDRIC s’est imposé comme un rival extrêmement sérieux de JEAN-CHRISTOPHE GRANGE et MAXIME CHATTAM. Opiniâtre et talentueux, celui qui a commencé dans les fanzines (MORSURE !) s’est révélé un formidable auteur de thrillers modernes, dynamiques et passionnants. D’authentiques page-turners, de la graine de best-seller, sans le moindre renoncement au goût très prononcé de CEDRIC pour l’horreur et le fantastique, qui fait un peu de lui l’un des rares auteurs français à pouvoir jouer aujourd’hui sur le terrain de la défunte TERREUR des éditions POCKET (HERBERT, KOONTZ, MASTERTON, etc)…
L’ENFANT DES CIMETIERES ne nous avait qu’à demi convaincu, mais soyons très clairs : DE FIEVRE ET DE SANG emporte totalement le morceau. Dans la limite de ses ambitions, le nouveau roman de SIRE CEDRIC est très proche de la perfection. Si les premières pages donnent une impression de déjà-vu (encore une histoire de tueur en série !), l’oeuvre s’oriente rapidement vers un délire savamment contrôlé et profondément surnaturel, avec notamment l’utilisation du personnage historique de la comtesse BATHORY, très grande tueuse en série (à l’image de notre GILLES DE RAIS) et inspiratrice, avec le vrai VLAD DRACULA, du mythe vampirique.
DE FIEVRE ET DE SANG alterne les passages superbement écrits avec des morceaux de bravoure horrifiques mise en scène comme dans les meilleurs films du genre. Pour une mort bien gore, on pense à CARD PLAYER ( signé ARGENTO), pour le final sur les toits, et sous une pluie battante, on évoquera plutôt la scène la plus célèbre du psycho-thriller de HENRI VERNEUIL, PEUR SUR LA VILLE. Inutile de préciser encore qu’on se régale, d’autant que les personnages sont vivants et attachants. A commencer par la profileuse albinos (l’un de ces anti-héros marginaux comme les affectionne CEDRIC): lorsqu’elle est longuement torturée par la psychopathe (ou par BATHORY ressuscitée ?), on souffre avec elle.
SIRE CEDRIC signe un authentique bouquin d’horreur sous des dehors de thriller. DE FIEVRE ET DE SANG n’est pas à mettre entre toutes les mains, même si, là-encore, l’écriture souvent belle (et plus que
« simplement » efficace) séduira le plus innocent des lecteurs.
Seul regret : comme pour le précédent, une couverture bien laide (pauvreté d’inspiration et d’exécution), comme on aime à en faire aujourd’hui, qui nous fait regretter les superbes illustrations de la littérature populaire de naguère, longtemps réputée pour cela. Citons le travail de vrais génies comme NICOLLET (LE COMMANDEUR, les NEO), JEAN-CLAUDE CLAEYS (NEO encore !) ou MICHEL GOURDON (ANGOISSE !).
Un défaut mineur qui n’est évidemment pas imputable à SIRE CEDRIC, qui mériterait tellement mieux !
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