Erotic Diary of an Office Lady
Asami (Asami Ogawa) est une employée de bureau, une parmi beaucoup d’autres. Elle est le témoin privilégié des escapades sexuelles de ses collègues de bureau. Elle entretient en outre elle-même une relation avec son chef de service, un homme marié. Dans le même temps, elle habite avec son père qui, de son côté, essaie de lui trouver un mari.
EROTIC DIARY OF AN OFFICE LADY n’est pas un bon film érotique. C’est un bon film tout court. Même si les scènes de sexe font partie intégrante de l’intrigue du film, le rythme aurait profité de leur raccourcissement. Cependant, si on garde à l’esprit les conditions imposées par la Nikkatsu à ses réalisateurs de Roman Porno, nous n’avons pas trop à nous plaindre.
Sous la surface, Masaru Konuma nous livre une réflexion (plutôt complexe pour un film d’une durée de 70 minutes) sur la condition des femmes dans une société où leur rôle se limite à être belles et soumises aux hommes. Ainsi, EROTIC DIARY se rapproche plus d’une sorte de documentaire sur le parcours d’une femme vers la liberté et son aboutissement que d’un film purement érotique. Comme dans d’autres de ses films, Masaru Konuma se concentre ici sur son héroïne. Quant aux hommes, ils sont, soit abjects, soit complices et restent, dans un cas comme dans l’autre, les instruments utilisés par la femme pour atteindre ses propres fins. En réalité, il n’est absolument pas surprenant que les scènes de sexe manquent d’érotisme ; elles offrent surtout du symbolisme. Si finalement l’amant d’Asami essaie de la retenir dans un dernier acte désespéré, il y a bien longtemps qu’Asami a déjà déclaré son indépendance, même si dans le monde réel (et Masaru Konuma essaie bien de refléter la réalité japonaise dans ses films), indépendance et solitude vont très souvent de paire.
Comme d’habitude, Masaru Konuma est soutenu par une myriade de bons acteurs, totalement prêts à se soumettre à sa vision. Si ses actrices correspondent rarement à un idéal de femme japonaise, leur apparence prête aux scènes de sexe un réalisme bienvenu. En outre, Asami Ogowa capte bien les émotions et le changement de mentalité de son héroïne. Ainsi, la transformation de son personnage ne semble jamais artificielle, malgré la courte durée du film.
La cinématographie et la mise en scène de Masaru Konuma fonctionnent à un niveau très élevé, et il est de nouveau intéressant de noter la différence en qualité entre les films érotiques japonais et ceux de l’Occident. Comme on parle ici d’un film érotique, il est naturel qu’il s’intéresse à ses personnages féminins d’abord. Cependant, il est étonnant de voir à quel point Masaru Konuma parvient à intégrer les bâtiments et les intérieurs de bureaux dans ses compositions.
Si EROTIC DIARY n’est, certes pas le film le plus érotique, ni le plus extrême de son réalisateur, on ne peut néanmoins qu’admirer le résultat qui, fidèle à la doctrine de Nikkatsu de produire des films de niveau par des réalisateurs de qualité, ne trahit jamais son budget et offre aux amateurs un film visuellement et narrativement plus qu’à la hauteur.