Fixation (2022) – Théâtre de la folie humaine
FIXATION explore les méandres de l’esprit humain sous le prisme de la fantaisie et de la beauté macabre. Mercedes Bryce Morgan, sa réalisatrice, a soigné l’esthétique de son premier long métrage.
Enfermée en hôpital psychiatrique pour des actes qualifiés d’abjects, Dora peine cependant à se remémorer de ce qu’elle a pu faire. Tout ce qu’elle sait c’est ce que lui dit la doctoresse Mélanie : en l’attente de son procès, elle doit subir une évaluation psychologique. Mais rapidement elle comprend rapidement qu’elle est loin d’être dans un asile psychiatrique conventionnel et que les traitements qu’elle va devoir suivre ne se résument pas à simplement raconter sa vie.
Un premier long métrage prometteur
Premier long métrage cinématographique de Mercedes Bryce Morgan, FIXATION est basé sur un scénario de William Day Frank et de Katrina Kudlick, cette dernière ayant déjà travaillé avec Mercedes Bryce Morgan sur ses précédents courts-métrages. Inspiré en grande partie d’obsessions personnelles de la réalisatrice, FIXATION s’intéresse à ce qui définit la réalité, particulièrement dans les souvenirs que notre cerveau a tendance à distordre. En effet, l’héroïne campée par Maddie Hasson, qui a notamment joué dans GOD BLESS AMERICA, TWISTED et plus récemment MALIGNANT, doit remonter dans ses souvenirs afin de trouver la vérité.
Cependant, ses souvenirs sont ont été distordus par un traumatisme et chercher la vérité en les revivant n’est pas des plus aisés. Pour cela, Dora va devoir affronter son subconscient. Suivant les préceptes de Freud, elle va affronter les différentes couches de son esprit. Mais ceux qui orchestrent ces recherches ne sont pas forcément des personnes fiables. La belle Mélanie, incarnée par Genesis Rodriguez (LES NOUVEAUX HÉROS, TUSK), n’est-elle pas trop gentille pour être honnête ? Et pourquoi l’infirmière jouée par Gita Miller (UNE FEMME D’EXCEPTION, DE CELLES QUI OSENT) est-elle, elle aussi, si bienveillante gentille envers Dora, si celle-ci est vraiment l’horrible psychopathe qu’on décrit ?
Mais le plus inquiétant est sans nul doute le docteur Christian campé par le génial Stephen McHattie (BORN TO BLUE, LA SECRÉTAIRE, BRIGADE SPECIALE).
Un spectacle au visuel étonnant
Impossible de ne pas songer à OUVRE LES YEUX d’Alejandro Amenábar ou à sa version américaine, VANILLA SKY, quand on regarde FIXATION tant le difficile combat des héroïnes de ces films pour retrouver la réalité est similaire. Bien sûr, on songera aussi à SHUTTER ISLAND, tant pour le contexte de l’asile que pour le jeu de fausses pistes et de faux semblants, surtout, de pour les twists auxquels se prête le long métrage. Enfin, le très discuté GOTHIKA de Mathieu Kassovitz peut venir à l’esprit, pour les mêmes raisons et peut-être aussi pour l’aspect esthétique très important dans FIXATION.
En effet, ce dernier a poussé son esthétique jusque dans les vêtements, presque de haute couture, que porte le personnel médical. Tout l’environnement est stylisé, trop pour passer pour un simple asile psychiatrique. De même que, lorsqu’on bascule d’un décor à l’autre, la théâtralité de ceux-ci apparaît très vite. C’est tout autant le charme du film que son grand défaut, car on comprend assez vite que ce sont des souvenirs recréés. Cela confère au film un aspect maison de poupée et le rapproche de l’univers créé par Lewis Caroll dans ALICE AU PAYS DES MERVEILLES.
À noter que le montage est très dynamique et permet de plonger très vite le spectateur dans le film, le tenant parfois en haleine.