Flying Swords of Dragon Gate 3D
Les retrouvailles de Jet Li et de Tsui Hark (qui nous ont donnés, voici une vingtaine d’années, les merveilleux IL ETAIT UNE FOIS EN CHINE) s’annonçaient sous les meilleurs auspices en se plaçant sous le signe du Wu Xia Pian, autrement dit le film de chevalerie chinoise qui a, jadis, si bien réussi aux deux hommes. Hélas, nous sommes forcés de déchanter à la vision de cette pénible bouille visuelle aux enjeux quasiment incompréhensibles et aux effets visuels épuisants. Un véritable échec pour Tsui Hark, sans doute plus intéressé par l’usage d’une 3D omniprésente, que par l’intrigue proprement dite qu’il peine à raconter durant deux heures franchement interminables.
Classique respecté du cinéma chinois, le premier DRAGON GATE fut tourné en 1967 par le fameux King Hu. Un quart de siècle plus tard, Raymond Lee, déjà sous l’égide de Tsui Hark (alors producteur, scénariste et coréalisateur non crédité) en livre un remake plaisant, L’AUBERGE DU DRAGON, davantage axé sur l’action. Les progrès techniques (entre autre dans les effets générés par ordinateur) et l’envie d’expérimenter avec le nouveau joujou du moment (la 3D) motivent Tsui Hark a réalisé cette troisième version intitulée FLYING SWORDS OF DRAGON GATE.
Dans cette actualisation, Jet Li incarne l’héroïque Chow Wai On, un chevalier décidé à supprimer la corruption qui gangrène la dynastie Ming en affrontant divers politiciens peu recommandables. Divers personnages le rejoignent dans cette croisade et, au terme de nombreuses péripéties, une petite troupe de combattants converge vers la Dragon Gate Inn, une auberge isolée perdue en plein désert. Alors qu’une tempête de sable menace, les rivalités vont s’exacerber jusqu’à l’inévitable affrontement entre les factions opposées.
Nouvel outil / jouet de Tsui Hark, toujours friands d’expérimentations cinématographiques parfois plus enthousiastes que maîtrisée, la 3D est ici utilisée de manière aussi ludique qu’excessive, le cinéaste ayant soin de placer un arbre, un garde, une arme ou une décoration quelconque au premier plan afin de favoriser un effet de « jaillissement ». Rapidement lassante, la technique trouve son paroxysme lors des scènes de combats au cours desquelles le spectateur reçoit, en pleine tronche et sans le moindre répit, un maximum d’objets divers allant des poignards aux troncs d’arbre en passant par des portions de murs. Bref, on frôle rapidement l’overdose tant le métrage se montre frénétique et soucieux de ne jamais laisser un instant de répit au public. Après s’être amusé avec des plans impossibles (dans le nanar PIEGE A HONG KONG qui ruina la carrière déjà mal en point de Jean-Claude Van Damme) et des effets numériques déjà atrocement datés (dans le hideux LEGEND OF ZU et le complètement foutraque BLACK MASK 2), Tsui Hark multiplie les effets tridimensionnels comme un gamin ravi d’épater la galerie. Sauf que la démonstration tourne court et devient vite pénible.
Au niveau martial, FLYING SWORDS OF DRAGON GATE ne retrouve malheureusement pas la puissance des œuvres antérieures du cinéaste. Après l’utilisation excessive des câbles ce sont, cette fois, les effets générés par ordinateur qui prennent le dessus sur les comédiens, ces derniers étant trop souvent remplacés par leur doublure numérique. La beauté des scènes de kung-fu s’en trouve, dès lors, largement amoindrie puisqu’il devient difficile d’admirer les prouesses physiques authentiques des interprètes. Jet Li, par exemple, quinquagénaire et sous-employé, ne brille guère dans cette intrigue tellement touffue que le spectateur inattentif (ou distrait par l’avalanche d’effets 3D) risque de se sentir complètement largué à mi-parcours. La profusion de protagonistes et le jeu des alliances et des trahisons rendent, en effet, le film peu compréhensible et, surtout, excessivement bavard, sa durée (plus de deux heures !) finissant par achever les plus impatients. Il faut pourtant attendre la dernière demi-heure de FLYING SWORDS OF DRAGON GATE pour que Tsui Hark se décide réellement à jouer la carte de l’action pure et délivre enfin une poignée de plans sidérants et majestueux, tandis que les fiers guerriers s’affrontent et voltigent au milieu d’une immense tempête de sable.
Trop attendu sans doute, FLYING SWORDS OF DRAGON GATE s’avère, au final, un ratage beaucoup trop long et embrouillé pour convaincre. Si l’ensemble s’élève toutefois au-dessus d’une monstruosité comme LEGEND OF ZU ou d’un nanar comme BLACK MASK 2 difficile de ne pas se sentir déçu par les retrouvailles de Tsui Hark et Jet Li. Une occasion manquée…