Humongous
Fort de l’énorme succès de PROM NIGHT avec Leslie Nielsen et Jamie Lee Curtis en 1980, le jeune réalisateur Paul Lynch et son scénariste William Gray décident de battre le fer tant qu’il est chaud en mettant sur pieds dès 1982 un nouveau métrage intitulé HUMONGOUS afin d’asseoir par la même occasion le genre du slasher moderne qui a eu le vent en poupe deux ans auparavant grâce à Sean S. Cunningham et son VENDREDI 13.
1946. Durant un week-end chez son père, la jeune Ida Parsons qui jouait avec ses chiens est sauvagement agressée par Tom Rice, un convive passablement éméché et violent. Après avoir été violée et laissée à moitié inconsciente sur le sol, ses chiens se jettent sur Tom et le dévore avant qu’Ida ne lui porte un coup fatal en lui broyant le crâne avec une pierre…
Après cette scène d’ouverture particulièrement nerveuse et dérangeante, le générique d’HUMONGOUS laisse entrevoir l’album de famille des Parsons et montre la lente dégénérescence physique et mentale d’Ida au travers de nombreuses photos prises de 1946 au début des 80’s.
C’est en 1982 que les frères Eric et Nick Preppy empruntent le yacht de leur père pour amener en ballade leurs petites amies Sandy et Donna, accompagnées de leur jeune sœur Carla. La nuit tombée, les jeunes gens viennent en aide à Bert, un pêcheur qui s’est abîmé en mer tout prêt de Dog Island, une île où vit seule une certaine baronne Ida Parsons. Après une mauvaise manœuvre, le petit groupe s’échoue son tour sur les rochers de Dog Island…
En l’espace d’une petite poignée de minutes, Paul Lynch et William Gray installent les bases d’HUMONGOUS en mettant l’accent sur l’action et la peur, même si c’est souvent au détriment de la personnalité de chaque personnage. Ainsi, le réalisateur prend un malin plaisir à enchaîner des scènes plutôt bien ficelées teintées d’angoisse prégnante (la découvertes des bois sombres de Dog Island, les étranges hurlements…) et de faire disparaître certains protagonistes – que l’on croyait importants – en un clin d’œil au travers de meurtre sauvage… mais souvent hors cadre.
De fait, HUMOUNGOUS braconne parfois sur les sentiers du survival en milieu hostile grâce à une mise en scène nerveuse qui s’apparente à une partie de chasse mortelle. Décimés un à un par un mystérieux prédateur, les jeunes gens ne de choix que de se diriger vers l’habitation d’Ida Parsons pour lui demander de l’aide…
Evidemment, avec plus de trente ans de recul, on se dit que ce métrage rassemble à lui seul tous les clichés du genre. Mais si on se remet dans le contexte de 1982, HUMONGOUS prend la forme d’un film sans concession (notamment dans les meurtres) et se permet même le luxe d’insérer certaines scènes en caméra subjective histoire de donner plus de tension à l’ensemble. On pense bien sûr à HALLOWEEN ou VENDREDI 13, mais l’ambiance des bois sombres rajoute une atmosphère à la limite de la claustrophobie.
Et pour ce qui est de l’ambiance, on peut dire qu’HUMONGOUS est un modèle du genre puisque durant quasiment toute la durée du métrage, le duo Lynch / Gray transporte le spectateur dans des horizons de terreur croissants (la découverte du squelette d’Ida Parson dans la cabane, les os des chiens mutilés, l’étrange silhouette de la “bête” qui n’est autre que l’enfant issu de son viol…).
Avec un part pris ouvertement brut de décoffrage, la bobine s’affranchit de toute tergiversation inutile et va droit à l’essentiel avec parfois un peu de confusion, notamment au travers de scènes filmées dans le noir où il est assez difficile de distinguer ce qu’il s’y passe vraiment (on ne verra d’ailleurs jamais vraiment le visage du “monstre” mis à part quelques fractions de secondes en toute fin de métrage… à la lueur d’une allumette !
L’œuvre s’en ira même lorgner vers côté “psychologique” à la manière de VENDREDI 13 lorsque la jeune Carla prendra les habits d’Ida afin de calmer la sauvagerie de son diable de rejeton. Psychologie de bas étages certes, mais qui fait quand même son petit effet lors de la dernière image du film où le visage de Carla prendra les mêmes traits traumatisés qu’Ida Parsons déjà présentés dans le générique du début… L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement, en fin de compte ?
A l’arrivée, même si HUMONGOUS possède son lot défauts à cause d’un budget relativement étriqué et des acteurs pas forcément géniaux, il s’en dégage la douce atmosphère typique des 80’s à l’heure où le slasher d’il y a trente ans était encore balbutiant.
Ainsi, Paul Lynch et William Gray essuient les plâtres d’un style encore en plein renouveau mais imposent déjà les bases du cahier des charges des futurs films du même genre (SLEEPAWAY CAMP, THE HOUSE ON SORORITY ROW ou PSYCHO II, par exemple…) et rien que pour ça, une vision d’ HUMONGOUS s’impose !