Im Staub der sterne
L’équipage du Cyrno a été envoyé sur la planète TEM4 d’où est parti un appel de détresse. A leur arrivée, ils sont accueillis par les locaux qui semblent tout ignorer de cet appel. Les Temiens se montrent au contraire accueillant, conviant l’équipage à une soirée orgiaque. Mais quelque chose ne tourne pas rond. Tant de prévenance… et cette ivresse qui s’empare de l’équipage…
Attention, poilade assurée.
Grand défricheur de cinématographie oubliée et autre, le Festival Offscreen 2011 a porté son attention sur la science-fiction des pays de l’Est, celle de l’époque communiste. Une cinématographie fort peu connue par chez nous, doublement handicapée par son origine socialiste et par le genre « honteux » de la SF. Et pourtant, quelques pépites sont à dénicher.
Ainsi de ce IM STAUB DER STERNE qu’on rattachera sans mal à la grande famille des nanars rigolos. Présenté le même jour que l’inénarrable STARCRASH de Luigi Cozzi, IM STAUB DER STERNE n’a pas à rougir de la comparaison, loin de là. Le public hilare ne s’y est d’ailleurs pas trompé.
En ce milieu des années ’70, la rigide DEFA s’encanaille et se la joue résolument film de genre populaire. Des scènes de danse bollywoodiennes, qui s’invitent régulièrement sans aucun intérêt narratif réel nous laissent penser qu’une partie de la production s’est acoquinée avec une troupe de ballet. Rien d’étonnant d’ailleurs, la danse a souvent fait partie de la culture communiste, comme démonstration de masse lors des défilés ou comme expression de la supériorité communiste lorsqu’elle témoigne d’une perfection technique et d’une esthétique très contrôlée. Mais ce qui étonne ici, c’est que les séquences fleurètent avec un érotisme qu’on imagine mal dans le pays d’origine de Karl Marx. Avouons que ce n’est pas pour nous déplaire, même si tout ça reste au final très sage. Cet érotisme diffus reflète donc ces années ’70 dont les aspirations libertaires à défaut de libérales ont transpiré de l’autre côté du mur.
On ne peut s’empêcher non plus de penser que IM STAUB DER STERNE déploie un sous-texte homosexuel, à l’insu ou non du réalisateur, tant la garde prétorienne des dirigeants renvoie à l’imagerie que vont bientôt populariser Village people. Skaï, torse viril, moustache fière, look « bear » pour les « poilus » répondent aux mignonneries d’un dirigeant et de son âmes damnées sadiques. Le sous-titrage anglais en rajoute d’ailleurs une couche (est-ce vraiment involontaire ?) en insistant à plusieurs reprises sur le fait que les dirigeants de TEM4 sont « gay and friendly ».
Les costumes des acteurs mélangent le traditionnel pyjama de cosmonaute, qui fait beaucoup rire de nos jours, aux kitsheries néo romaines des dirigeants de TEM4. Leurs serviteurs et esclaves partagent quant à eux une garde-robe renvoyant aux indiens et aux peones. En d’autres termes, toute la géographie du cinéma populaire des sixties est ici recyclée : la SF traditionnelle bien entendu, celle du péplum à l’italienne, mais aussi celle du western. Quoi de plus normal vu que l’Allemagne a produit, avant l’Italie, quelques triomphes populaires dans ce dernier genre avec les WINNETOU… tournés du côté socialiste ! A y regarder de plus près, le réalisateur Gottfried Kolditz, actif depuis les années ’50 et alors en fin de carrière, avait réalisé peu avant APACHEN (1973) et ULZANA (1974), deux westerns justement. Et en 1970, il s’était déjà essayé à la SF avec SIGNAL : UNE AVENTURE DANS L’ESPACE. Ah oui, pour compléter, le dirigeant de TEM4 porte aussi une très belle cape volée à quelque Dracula roumain.
Aux décors, la fusée de studio est évidemment emplie de tableaux de bords lumineux manipulés par un équipage débitant les instructions de manœuvres d’usage. Les extérieurs nous font profiter des très beaux paysages roumains en coulées de boues volcaniques. L’intérieur de la station des dirigeants nous vient en droite ligne du TEMPLE DU SOLEIL d’Hergé (1970), dont l’adaptation animée précède de quelques années IN THE DUST OF THE STARS. Nos extra terrestre se mettent donc à la sauce inca.
Le scénario fait évidemment transpirer l’utopie socialiste visant à libérer le peuple opprimé par ses dirigeants capitalistes et décadents, ce qui donne à l’ensemble, redécouvert trente ans plus tard, une saveur particulière. Autre caractéristique, là où le cinéma d’action « capitaliste » favorise souvent l’action d’un héros principal (éventuellement entouré de side kicks ou autres personnages secondaire), les films de SF socialistes exhumés par le festival Offscreen confie tous le succès d’une aventure à un groupe de personnage, traité assez égalitairement. Ici, le capitaine de la mission est même une femme.
IM STAUB DER STERNE est à découvrir d’urgence pour tous les amateurs de bisseries nanardeuses. Un dvd est sorti en Italie sous le titre LA POLVERE DELLE GALASSIE et un autre aux USA sous le titre anglais. Bac, Le Chat qui fume ou autre petite structure, il y a ici une pépite qui ne demande qu’à sortir de sa gangue !