In Memoriam, Lecomte
« Sur lui, le flot mouvant grouille de pattes velues, minuscules et visqueuses, qui cherchent à se poser sur sa peau. Les mouches reviennent à la charge dans un effroyable bourdonnement et agitent leurs ailes dans l’air fétide du local. » (P. 213)
IN MEMORIAM LECOMTE est la suite directe de LECOMTE CREUSE SA TOMBE, dans lequel l’agent secret créé par F.-H. Ribes/Richard Bessière connaissait une fin tragique. Cette fois c’est son collègue et ami Mac Norton qui combat le terrible Consortium, une société de Formose (Taiwan) qui lutte implacablement contre la Chine Populaire. Pour une fois ce ne sont apparemment pas les « Rouges » qui sont les grands méchants !
Le début du roman est très réussi avec la mort de dizaines de Chinois empoisonnés par du riz lors d’une fête populaire. La même scène se reproduit sur un bateau envahi par des hordes de mouches. La Chine de Mao et Formose sont également touchées par le virus (un thème classique du roman d’espionnage). Pourquoi donc ?
Mac Norton enquête notamment dans une boîte gay de Formose où il ne résiste qu’avec beaucoup de mal aux avances empressées d’une séduisante transexuelle. Lorsqu’il touche le sexe dressé de celle qu’il a pris pour une femme, c’en est trop ! Le lecteur de 2014 appréciera tout cela, une certaine homophobie parfois présente dans les Lecomte comme dans d’autres oeuvres populaires de l’époque, en n’oubliant surtout pas de bien replacer les choses dans leur contexte. Le roman d‘espionnage, au moins depuis 0SS 117 et 007, est un hymne à la virilité triomphante. Ian Fleming disait écrire pour « les hétérosexuels au sang chaud », tout est dit. Ce qui n’empêche pas nombre de fans hétéros de pornos d’apprécier à l’occasion les ébats sur petit écran de transexuels, parfois produits par Rocco Siffredi en personne !
Bientôt Mac Norton devra lutter contre un terrible tueur à gages aussi doué qu’impitoyable. Pourquoi en ce cas lui laisse-t-il la vie sauve alors qu’il pourrait l’abattre ? Le tueur jouerait-il double jeu ?
Lecomte, KB 09, est un héros très sympathique du Fleuve Noir. N’en déplaise à l’excellent Richard Bessière, immense auteur de S.F. pop, qui voulait dépeindre un homme normal (ancien publicitaire et pianiste doué) davantage qu’un James Bond, c’est bien à l’agent 007 qu’on pense en lisant ses aventures souvent délirantes et science-fictives (PETIT LECOMTE ET GRAND LAMA est un must dans le genre).
Lecomte est-il vraiment mort dans le précédent épisode ? Quand on connaît les tirages des romans d’espionnage de l’époque, est-il possible que F.-H. Ribes ait tué la poule aux oeufs d’or ? Le amateurs de Sherlock Holmes et de Bob Morane auront assurément une petite idée sur la question…
Tel quel, IN MEMORIAM LECOMTE est un excellent petit roman du genre, écrit sans génie mais avec un savoir-faire certain. Certaines scènes, comme tout le début, sont même très réussies. Nous n’oublierons pas non plus un méchant fétichiste et collectionneur de petites culottes qui fouette sa femme sans l’honorer depuis bien 5 ans. Mac Norton saura faire face à ce problème aussi !
L’action, comme souvent dans la série, est constante et vivement menée jusqu’au final.
Un personnage comme celui du tueur à gages est des plus intriguants, malgré un look peu étudié.