La compétition courts métrages du Sadique-Master Festival 2023
La compétition courts métrages du Sadique-Master Festival 2023 proposait des œuvres très variées, aux styles et aux genres très distincts. Dans le lot, il y avait de quoi s’amuser, s’épouvanter, mais aussi se laisser happer par des métrages plus expérimentaux.
Gnomes de Ruwan Suresh Heggelman ouvrait la projection. Ce film mêlant animation en stop motion et prises de vues réelles avec comédiens repose sur un postulat extrêmement simple. Une joggeuse croise d’étranges lueurs dans les bois. Curieuse, elle les suit et devient la victime sacrificielle d’ignobles petites créatures. Court et intense, Gnomes bénéficie d’une narration très visuelle et surtout très sadique. Les créatures faites de tissus, de métal et de pâte à modeler sont aussi mignonnes qu’affreuses.
Une pointe d’humour très noir
S’ensuit The pussy with an uzi réalisé par Essa Jussila et venant de Finlande, qui propose lui aussi un mélange d’animation à l’ancienne, avec des animatroniques et des comédiens. Cet univers très drôle montre des chats au langage châtié qui, entre deux manœuvres de mafieux, veulent séduire de jolies filles. Dans une atmosphère rendant hommage au film noir, avec la noirceur crasseuse d’un Tarantino et la folie visuelle d’un Scarface de Brian de Palma, c’est une vraie perle qui ravira les amateurs du genre.
Puis, a été projeté Everything Unnerves Me réalisé par Hazal Bayar et venant de Turquie. Le court compense son manque de budget par un postulat expérimental intéressant. Une comédienne seule, un déversoir d’égout, des lumières tranchées, quelques effets spéciaux léchés et le tour est joué. Enfin, le court doit beaucoup à son montage expérimental très poussé, qui donne toute sa force au court, ainsi que la prestance de sa comédienne principale, captivante.
Des courts expérimentaux
Avec Thanatos, Oscar Lopera, qui vient du Venezuela, nous propulse dans l’univers intimiste d’un couple de femme. La blonde, audacieuse et joueuse, propose à son amante d’essayer de mêler douleur et plaisir. Seulement, la brunette va devenir accro et aller de plus en plus loin, jusqu’à effrayer sa dulcinée. En teinte rose, avec un cadre carré, le film s’affiche avec une esthétique différente, lorgnant vers le film d’auteur indépendant. Il tranche par sa radicalité et sa poésie.
Le court métrage français de la compétition, Venus de Mickaël Dusa et Jolan Nihilo, est dans la même veine. Intimiste. Sa comédienne se retrouve enfermée dans une salle de bain où elle va devoir se confronter à ses traumatismes. Reposant entièrement sur des effets spéciaux pratiques et visuels, avec de la matière qui n’est pas sans rappeler les effets spéciaux italiens des années 80, il va gratter où ça fait mal. Sa vision peut être remuante, surtout pour les personnes souffrants de Trouble Compulsif Alimentaire. Mais sa radicalité le rend d’autant plus efficace.
Une myriade d’histoire à la noirceur abyssale
Enfin, la projection s’est achevée avec Dead and delights réalisé par Essa Julia, venant lui aussi de Finlande. Celui-ci nous montre des sans-abris qui sont visités par une sublime femme. Évidemment, charmés, ils se laissent emportés par elle, un par un, sans se méfier un seul instant. N’est-ce pas trop beau pour être vrai ? Simple et efficace, le court nous plonge pour notre plus grand plaisir dans des abîmes horrifiques. Il aurait amplement pu figurer dans les contes de la crypte au vu du ton autant que des couleurs et de la mise en scène un peu cartoonesque.
C’est Gnomes de Ruwan Suresh Heggelman qui a remporté la compétition.