La vengeresse
Rod Rosse est un chasseur de primes qui travaille régulièrement avec un ancien catcheur devenu sénateur et répondant au doux surnom de Deathface. Ce dernier lui donne pour mission de retrouver une jeune bikeuse ainsi que l’objet qu’elle lui a volé. Rod Rosse n’est pas le seul chasseur de primes sur le coup, il va devoir lutter avec la dure concurrence à laquelle s’ajoute le club de biker mécontent de s’être fait arnaquer.
LA VENGERESSE, nommé dans son titre original REVENGEANCE, est un long métrage d’animation co-réalisé par Bill Plympton et Jim Lujan. Le premier, célèbre animateur connu pour son indépendance, s’est occupé de l’animation et de la réalisation, tandis que le second s’est chargé du scénario, de la musique et du design des personnages. C’est la première fois que ces deux artistes collaborent ensemble, et au vu du résultat, on espère que ce ne sera pas la dernière.
Car LA VENGERESSE ressemble en animation à ce qu’aurait pu faire Quentin Tarantino et Robert Rodriguez à l’époque d’ UNE NUIT EN ENFER. Il y a le même cocktail de personnages haut en couleur. Du sénateur anciennement biker et catcheur, qui donne dans le grand spectacle et la corruption, au chasseur de prime improbable ressemblant plus à un comptable qu’à un redoutable chasseur, en passant par tous les personnages secondaires aussi drôles qu’étonnants. On y retrouve surtout ce ton, définitivement badass, drôle, amoral, qui aurait pu tout aussi bien sortir du LIVRE SANS NOM.
L’animation et les dessins sont aussi à saluer. En quelques coups de crayons, immédiatement, le personnage et son caractère s’impriment à l’écran. De la moustache assez incroyable du leader de la secte, très improbable d’ailleurs, aux lunettes doubles foyer de la mère du héros, il y a des détails qui plantent le décor en quelques secondes et donnent immédiatement aux personnages, comme aux lieux, un côté pimenté et drôle, souvent irrévérencieux, parfois même un peu crado.
Ce qu’on adore tout particulièrement, c’est comment les personnages secondaires font marcher l’intrigue. Ce sont eux qui, mine de rien, font avancer le film. Finalement, notre héros subit et réagit, la plupart du temps, à ce qui lui tombe dessus. Si au début, il semble être le moteur, bien vite, il se retrouve dépassé par les évènements. A la manière d’un Pierre Richard d’ailleurs. C’est là que le film révèle toutes ses saveurs, dans le fait qu’aucun personnage ne sert de faire valoir et que tous ont un rôle, souvent drôle et étonnant.
Un bon film comme on en voit finalement rarement, détonnant, drôle, piquant, pimenté même, avec un parfum qu’on ne retrouve de nos jours que dans l’animation. Que ce soit celle d’AMERICAN DAD ou celle de SOUTH PARK. Un bijoux à ne pas manquer !