Le gladiateur magnifique
Réalisateur romain né en 1930 (et décédé en 2001), Alfonso Brescia débute dans le cinéma au milieu des années ’60 en prenant le train du péplum, alors déjà déclinant. Il enchaine ainsi LA REVOLTE DES PRETORIENS, LE GLADIATEUR MAGNIFIQUE et le « fameux » (par son titre ridicule) GOLDOCRACK A LA CONQUETE DE L’ATLANTIDE. Par la suite, comme tous les cinéastes bis de la Péninsule, Brescia évoluera au fil des modes et des « filones » : il donne dans le western (LES JOURS DE LA VIOLENCE), le film de guerre (DANS L’ENFER DES SABLES), le giallo (UN JOLI CORPS QU’IL FAUT TUER), l’érotisme (LA VIE SEXUELLE DE DON JUAN), etc. A la toute fun des années ’70, on retrouve Brescia aux commandes de sous-STAR WARS particulièrement fauchés et ringards, notamment le minable space opéra porno LA BATAILLE DES ETOILES. Sa carrière se poursuit jusqu’au milieu des années ’90 (avec par exemple ATOR THE IRON WARRIOR) et la fin définitive du bis italien. Au final, avouons-le, rien de bien marquant pour ce besogneux du cinéma populaire.
LE GLADIATEUR MAGNIFIQUE, sa seconde réalisation, s’avère néanmoins agréable : Attal, un prince d’un pays quelconque (la Dacie en fait), surnommé Hercule par ses copains, se voit capturé par les Romains. Condamné à l’arène, notre gladiateur fait ses preuves et, afin de sauver ses compagnons, accepte de rejoindre une sorte de « force spéciale » chargée de rétablir l’ordre aux frontières de l’empire. Mais notre Hercule tombe, en plus, amoureux de la fille de l’Empereur Gallien, ce qui contrarie son conseiller, Zuddo. Pas dupe, Gallien comprend qu’il risque gros en gardant Zuddo à ses côtés et, en effet, ce-dernier a mis au point un plan complexe pour s’emparer du pouvoir : il remplace l’empereur par un sosie à sa botte et accuse Hercule de trahison dans l’intention, une fois débarrassé de son rival, d’épouser la fille de l’empereur !
Quelque peu décousu, LE GLADIATEUR MAGNIFIQUE multiplie les intrigues sans savoir vraiment vers où aller. Le côté « combat dans l’arène », mis en évidence par le titre, est vite oublié au profit d’un récit impliquant la formation d’un bataillon de combattants d’élite censés lutter contre les Huns (lesquels, en réalité, ne viendront semer la zizanie qu’un siècle plus tard). Mais le film prend encore une autre direction à mi-parcours en se focalisant sur les machinations de Zuddo pour s’emparer du pouvoir. En dépit des nombreux clichés, cette seconde moitié reste amusante avec son côté Vaudeville, le faux empereur prenant la place du vrai étant, par exemple, beaucoup moins enclin à une existence chaste et réservée. Dans ce double rôle, Franco Cobianchi s’avère énergique et suffisamment cabotin pour emporter l’adhésion. Mark Forrest, dans le rôle de ce pseudo Hercule, se montre lui aussi plein d’entrain. Successeur de Steve Reeves, le comédien terminait là sa période « épées et sandales » après une douzaine de films, l’argent gagné lui permettant de se consacrer à sa véritable passion…l’opéra !
Dans l’ensemble, LE GLADIATEUR MAGNIFIQUE reste agréable et divertissant : la mise en scène est correcte, le budget certes restreint mais acceptable, les comédiens enthousiastes et le scénario, plus tortueux que la moyenne du genre, fonctionne gentiment malgré un côté hautement prévisible. Un spectacle tout à fait correct pour les nostalgiques du péplum italien.