Le Masque d’Or
Fu Manchu, génie du mal asiatique, est à la recherche de la tombe de Gengis Khan. Il espère mettre la main sur le masque d’or et le cimeterre enterrés avec le tyran de manière à pouvoir s’autoproclamer réincarnation de ce dernier. La couronne, effrayée par l’éventualité d’un soulèvement asiatique, envoie ses meilleurs émissaires à la recherche du tombeau…
Pour cette adaptation de Sax Rohmer, qui reste la meilleure à ce jour, la MGM choisit un réalisateur plus que chevronné, puisqu’il en est alors à son 78ième film : Charles Brabin. Ce metteur en scène (également scénariste et parfois acteur) a tout fait ; du muet dès 1911, avec THE AWAKENING OF JOHN BOND, jusqu’aux tortures raffinées du cruel Fu Manchu, magistralement campé ici par Boris Karloff.
Sa composition est si réussie qu’il fait de ce « méchant » le véritable héros, l’expression « génie du mal » n’a jamais été si bien servie. Cet acteur légendaire aux 200 rôles (et non pas aux 1000 visages !) endosse à nouveau un déguisement monstrueux ; ce n’est ni le premier, ni le dernier de sa longue carrière. Il donne la réplique à Lewis Stone, habituel second rôle du cinéma américain (150 films à son actif) qui tourna dans quelques classiques tel le SCARAMOUCHE de Georges Sidney en 1952. David Torrence est aussi de la distribution, il fut un habitué de la série des CHARLIE CHAN. Charles Starrett, grand spécialiste du western qui interpréta le KID DURANGO dans une célèbre série de films durant les années 50, complète la distribution masculine.
Les rôles féminins sont tenus par la peu convaincante Karen Morley (qui devint spécialiste de la télévision US) et la fascinante Myrna Loy. Cette beauté exotique, qui tient ici un rôle ambivalent de victime complice, tourna dans plus de cent longs métrages, elle est même choriste dans le légendaire THE JAZZ SINGER (Alan Crossland-1927), premier film parlant de l’histoire du cinéma.
Cette distribution soutient un métrage qui, bien que platement réalisé, possède un rythme très soutenu. Les péripéties s’enchaînent, le tout avec un côté serial des plus réjouissants. Les tortures les plus ingénieuses succèdent aux idées les plus délirantes ; une scène anthologique nous permet même de découvrir un ancêtre du rayon laser. Si le discours colonialiste pouvait effrayer à l’époque, aujourd’hui il fait plutôt sourire tant la charge est grossière… certaines scènes ont même très certainement inspiré le bédéaste Belge ambigu Hergé pour son TINTIN ET LE LOTUS BLEU.
Ce qui frappe surtout, dans THE MASK OF FU MANCHU (LE MASQUE D’OR dans notre hexagone), c’est la richesse visuelle du film. Le directeur artistique Cedric Gibbons crée des décors absolument fabuleux, la photographie de Tony Gaudio fait le reste. Bien qu’il ne soit pas un chef-d’œuvre absolu, ce film magique conserve encore un charme indéfinissable.