Le Nouveau Justicier De Shanghai
C’est en 1972, lors de sa « période taiwanaise », que Chang Cheh signe une « vraie fausse » suite à l’une de ses œuvres maîtresses, LE JUSTICIER DE SHANGHAI tournée la même année. En effet, au début de la décennie 1970, Chang Cheh subit quelques échecs et quitte les studios hongkongais de la Shaw Brothers pour fonder la Chang’s Film Company à Taiwan. Une société financée par la Shaw Brothers qui essaye timidement de s’implanter en terre maoïste. Une époque très productive pour le maître puisque ce ne sont pas moins de huit films qu’il réalise en 1972. Il est d’ailleurs ici épaulé du fidèle Pao Hsueh Li que l’on retrouvera, l’année suivante, au poste d’assistant sur LE PIRATE. LE NOUVEAU JUSTICIER DE SHANGHAI reprend les ingrédients qui ont fait le succès du premier opus.
A Shanghai, vingt ans après la mort de Ma Yong Zhen assassiné à coups de haches lors d’une lutte mémorable, débarque un certain Chou Lian Huan. Cette petite frappe impétueuse va s’attirer les foudres de la mafia en volant la compagne et en ridiculisant le fils du caïd local. Ce dernier va alors lancer une vendetta contre Chou Lian Huan (le nom qui donne son titre original au film)…
Après LE JUSTICIER DE SHANGHAI, Chen Kuan Tai, aux talents dramatiques limités, tient une nouvelle fois le rôle principal, on retrouve d’ailleurs une équipe similaire au premier film de la série. En plus de Pao Hsueh Li, Chang Cheh s’entoure des chorégraphes Lau Kar Leung (LA TRENTE-SIXIEME CHAMBRE DE SHAOLIN de Liu Chia-Lang-1978), Chan Chuen (LA LEGENDE DU LAC de Chang Cheh-1972) et le légendaire descendant de Wong Fei-Hung, Liu Chia-Liang (LES 8 DIAGRAMMES DE WU-LANG-1983). Le directeur artistique n’est autre que Johnson Tsao, déjà à l’œuvre sur L’HIRONDELLE D’OR, le classique avec Cheng Pei-Pei réalisé par le légendaire King Hu en 1966.
La distribution nous permet d’apercevoir, dans un second rôle, cette sale trogne de Bolo Yeung, l’acteur HK avec les pectoraux les plus surdimensionnés de la péninsule. Ce dernier, connu du public occidental pour avoir servi de punching-ball à Bruce Lee dans le jouissif OPERATION DRAGON (Robert Clouse-1973), réalisa quelques films dont le bien nommé BOLO THE BRUTE (1977). D’autres pectoraux plus charmants viennent s’offrir à la vue du spectateur mâle (mais c’est une question de goût), à savoir, ceux de la provocante Ching Li. Une beauté asiatique qui tourna souvent pour Chu Yuan. On la retrouve, par exemple, dans l’excellent LA GUERRE DES CLANS (1976) ; mais aussi dans le méconnu SEX LOVE AND HATE (1974), un film pop féministe n’ayant rien à voir avec son titre racoleur qui détonne dans la carrière du maître.
Malgré des qualités évidentes et un final dantesque qui voit le héros (?) s’opposer à des dizaines de combattants, LE NOUVEAU JUSTICIER DE SHANGHAI reste un simple divertissement, au contraire de son prédécesseur, véritable chef-d’œuvre du genre. Il y a même quelques erreurs techniques, lors d’une scène, on aperçoit dans le décor une bien anachronique grue de chantier. De plus, on ne retrouve pas les obsessions habituelles de Chang Cheh, en particulier l’homosexualité refoulée et l’ultra violence. En effet, bien que parfois gore, le film reste très prude. Quand à l’histoire d’amour à l’eau de rose, elle prête plutôt à sourire tant on traitement peut paraître excessivement mélodramatique. Néanmoins, le rythme soutenu et la multiplication de scènes de combat superbement chorégraphiées, suffiront amplement à contenter l’amateur de bourres pifs et taloches estampillés Shaw Brothers !!!