Le Village des ombres
Après avoir commencé par une intrigante scène se déroulant pendant la seconde Guerre Mondiale, le film s’intéresse à un petit groupe d’amis qui se rendent en vacances dans un minuscule village perdu du nom de Ruiflec. Un peu avant l’entrée du village, l’une des deux voitures, par jeu, dépasse celle qui guide le petit groupe et pique une pointe de vitesse. La pluie et l’obscurité la rendent rapidement invisible à ceux qui suivent, et qui tentent de rattraper leurs amis. Au détour d’un virage, ils découvrent le véhicule abandonné au milieu de la chaussée et manquent de le percuter. La voiture est vide. En désespoir de cause, les jeunes se rendent à Ruiflec pour demander de l’aide. Mais le village n’entend pas les laisser repartir si facilement…
Fouad Benhamou a réalisé quelques courts-métrages avant de s’attaquer au VILLAGE DES OMBRES, son premier film. Nouvel élément du film de genre français, il se démarque des dernières œuvres de ce style en délaissant le gore et l’énervement des A L’INTERIEUR et autres LA HORDE ou MARTYR pour aborder un fantastique plus suggéré, plus angoissant. Pour cela, il s’entoure d’un groupe de jeunes acteurs et place son action dans cet étrange village, qui s’avère être un personnage à part entière !
Le film, se positionnant comme un conte gothique et effrayant, raconte une histoire finalement assez classique et prévisible. Les personnages ne sont guère développés et restent ainsi relativement caricaturaux – le jeune homme prenant les choses en main, celle capable de percevoir les esprits, la grande soeur qui n’assume pas ses responsabilités, sa cadette obligée de se comporter comme sa mère… Et cette histoire de village vivant hors du temps, piégeant les gens s’y arrêtant, a déjà été racontée bien souvent. On peut évoquer par exemple 1000 MANIACS pour ce qui est des films mais s’y sont également penchés la littérature et même les jeux vidéo (le terrifiant Project Zero 2). Dans le même ordre d’idée, les mécanismes de la peur sont souvent prévisibles. En effet, les héros quittent le village pour finalement y revenir alors qu’ils ont marché en ligne droite à travers la forêt. Ou encore cette jeune femme qui serre la main de sa sœur alors que quelqu’un approche, ce quelqu’un s’avérant être ladite sœur alors que l’on découvre que personne ne lui tient la main… Tout cela a déjà été mis en scène de nombreuses fois.
Cela dit, l’histoire se révèle être malgré tout intéressante. Et les rouages de l’effroi, même s’ils restent classiques, sont très bien amenés. Ainsi, même si la peur est absente, malaise et frissons saisissent le spectateur grâce à une réalisation de bonne facture, des effets spéciaux convaincants et des acteurs honnêtes.
De plus, le film se pare de quelques trouvailles attrayantes, comme les dessins que trouvent les héros après chaque disparition ou ces marques de main apparaissant à certains moments cruciaux.
Voilà un film qui ne renouvellera certainement pas le genre mais qui apporte son lot de frissons et apparaît être totalement dénué d’ennui. Un film de genre qui mérite d’être vu, pour peu que l’on se laisse porter par cet univers, qui vaut que l’on s’y attarde…