Un texte signé Frédéric Pizzoferrato

USA - 1968 - Lee Forst
Titres alternatifs : Hot Spur
Interprètes : Virginia Gordon, James Arena, Joseph Mascolo


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Dossierretrospective

L’éperon brulant

Né en Arizona en 1935, Lee Frost, personnage bien connu de l’exploitation, a abordé, durant une carrière longue de quarante ans, de nombreux genre du cinéma populaire. Dès les années ’60, Frost touche au nudie (les ancêtres de l’érotisme), à l’horreur parodique puis se spécialise un temps dans le mondo (HOLLYWOOD’s WORLD OF FLESH, MONDO FREUDO, MONDO BIZARRO°) avant de trouver sa voie dans la sexploitation encore embryonnaire, qu’il marrie au western ou au polar. En croisant l’érotisme au film de guerre de série Z, Frost accouche même, sans doute involontairement, de la Nazi-exploitation avec le fameux CAMP SPECIAL N°7. Au cours des seventies, le cinéaste poursuit son exploration du « paracinéma » via le film d’horreur culte LA CHOSE A DEUX TÊTES, le blaxploitation délirant THE BLACK GESTAPO, le « biker flick » alors en vogue (CHROME AND HOT LEATHER) et, bien sûr, le porno qu’il aborde avec A CLIMAX OF BLUE POWER. Frost rédige également le scénario du très bon et nerveux COURSE CONTRE L’ENFER et termine provisoirement sa carrière avec deux pornos datant du tout début des années ’80. Il revient toutefois une dernière fois derrière la caméra en 1995 via le décevant « sexy thriller » PRIVATE OBSESSION et profite ensuite de sa retraite avant de tirer définitivement sa révérence en 2007.

Réalisé en 1968, L’EPERON BRULANT fut, pour sa part, la première tentative du cinéaste de marier l’érotisme au western (Frost récidiva d’ailleurs avec LES SCAVENGERS). A cette époque, les producteurs rivalisent en effet de combines pour encourager les spectateurs timides à entrer dans une salle de cinéma diffusant un film « chaud ».
Les « érotiques » se camouflent par conséquent en western, cape et épée ou comédie et l’époque, volontiers rieuse, propose ainsi des titres censés illustrer la vie amoureuse de Zorro, des trois mousquetaires, de Maciste ou de l’Homme Invisible. Un bon prétexte pour, caché derrière un alibi « parodique », se rincer l’œil sans rougir de honte devant la guichetière. L’EPERON BRULANT appartient à cette tendance et déroule une très basique et linéaire intrigue « western », plus proche du modèle italien alors triomphant que des classiques hollywoodiens à l’agonie, ponctuée de scènes sexy souvent quelconques, voir médiocres.
L’intrigue se déroule en 1869, une époque où, dixit le narrateur, la seule chose qui valait moins que la vie était les femmes. Un Mexicain, victime du racisme des cowboys, a vu sa compagne enlevée, violée et tuée. Il décide de prendre sa revanche en kidnappant à son tour l’épouse de son ennemi.

Reprenant un typique argument de « rape and revenge » adapté dans l’Ouest sauvage pour les besoins d’un western, L’EPERON BRULANT constitue, hélas, une série B assez médiocre. Si l’intrigue se révèle décente, à défaut de posséder la moindre originalité, la mise en scène reste, elle, basique et l’interprétation limitée par le schématisme des personnages, lesquels répondent tous aux clichés attendus. Au niveau de l’érotisme, Lee Frost compose une poignée de scènes voulues « sexy » mais en réalité très ternes qui reposent toutes, ou presque, sur le viol. La violence, un peu cartoonesque dans ses excès, survient, pour sa part, durant le dernier tiers, lorsque le « héros » se débarrasse de ses adversaires de sanglantes manières. Des passages sympathiques mais rien de fondamentalement réussi dans cette curiosité destinée aux amateurs de bis croquignolet.

En résumé, L’EPERON BRULANT se révèle un long-métrage anodin, un poil longuet en dépit d’une durée restreinte, parfois amusant mais le plus souvent insipide. A mi-chemin entre l’érotisme et le western spaghetti de série B (ou plutôt Z), le film de Lee Frost garde néanmoins un peu d’intérêt, essentiellement par son statut de précurseur.






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Article rédigé par : Frédéric Pizzoferrato

Ses films préférés : Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer

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