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Institution nippone, le monstre atomique Godzilla a connu une évolution significative au cours d’une carrière longue de cinquante (!) ans. Le premier long métrage de la saga, sobrement titré GODZILLA (ou GODZILLA KING OF THE MONSTERS aux Etats-Unis), fut réalisé en 1954 et se voulait une réponse japonaise aux « films de monstres » américains exploitant la peur du nucléaire. A ses débuts, Godzilla est un immense dinosaure mutant crachant sur Tokyo un feu radioactif, véritable incarnation du traumatisme d’Hiroshima et Nagasaki. Un second film sortira l’année suivante (LE RETOUR DE GODZILLA) mais dès le troisième volet (KING KONG CONTRE GODZILLA) la saga s’oriente définitivement vers le divertissement familial. Bref, le Big G ne fait plus peur, il protège les enfants de menaces diverses et en particuliers des exactions d’infâmes extraterrestres décidés à envahir la Terre. Dès INVASION PLANETE X, réalisé en 1965, un scénario basique est mis en place : de méchants aliens veulent conquérir le monde et, pour parvenir à leurs fins, ils utilisent un monstre géant qui croisera fatalement la route de Godzilla, permettant un match de catch dantesque. LES ENVAHISSEURS ATTAQUENT reprendra la même trame en 1968, tout comme GODZILLA Vs GIGAN (ou OBJECTIF TERRE, MISSION APOCALYPSE) que tourne Jun Fukuda en 1972. GODZILLA 80 substitue aux extraterrestres un peuple souterrain lassé des destructions provoquées par l’Homme mais l’intrigue reste identique, tout comme celle de GODZILLA Vs MECHAGODZILLA (ou MECANIK MONSTER) sorti en 1974. Quinzième métrage de la saga, LES MONSTRES DU CONTINENT PERDU constitue d’ailleurs la suite directe du précédent, fait rare dans l’Histoire du Big G puisque pratiquement tous les autres films sont indépendants les uns des autres.
LES MONSTRES DU CONTINENT PERDU débute donc logiquement par la reprise des principales batailles vues dans GODZILLA Vs MECHAGODZILLA avant d’embrayer sur un sous-marin explorant les fonds océaniques à la recherche des débris du robot géant surnommé…roulement de tambour…MechaGodzilla (ouf, il y en a deux qui suivent !). Mais cette opération réveille une gigantesque créature, un Titanosaure (sic !) qui va pulvériser le submersible. L’Etat Major nippon, d’abord sceptique, doit se rendre à l’évidence et prend conseil auprès du biologiste Akira Ichinose qui se souvient des déclarations jadis faite par l’éminent savant Mafune, convaincu de l’existence d’un dinosaure géant au fond de l’océan. Les propos de Mafune lui valurent d’ailleurs la disgrâce et ruinèrent sa carrière. Vous pensez bien, dans un pays qui, depuis 20 ans, se prend tous les six mois un monstre géant ou une invasion d’aliens belliqueux, affirmer qu’il pourrait subsister un dinosaure aux fonds des flots relève de la démence. Bref, Ichinose tente de rendre visite à Mafune mais il ne tombe que sur sa fille, qui lui apprend que le professeur est décédé et que ses notes ont été détruites. Ichinose repart donc dépité et déçu…mais Mafune n’est pas mort, il est simplement allié (salopard de collabo !) avec un extraterrestre venu de la Troisième Planète du Trou Noir (texto !), dont le people a dernièrement créé MechaGodzilla. Les aliens veulent à présent contrôler le redoutable Titanosaure ce qui leur permettra, avec l’aide précieuse de leur kaiju robot, d’anéantir une fois pour toute le protecteur de Tokyo…Godzilla lui-même ! Mais le Big G n’a pas dit son dernier mot, ou du moins pas poussé son dernier cri…
Dernier long-métrage consacré à Godzilla produit sous l’ère Showa (il faudra ensuite attendre 10 ans pour voir le monstre revenir dans le bien nommé LE RETOUR DE GODZILLA), cet épisode se veut un poil plus sombre et sérieux que les précédentes réalisations des années ’70, lesquels sombraient souvent dans l’infantilisme et même le ridicule. LES MONSTRES DU CONTINENT PERDU redresse donc la barre et la présence d’Ishiro Honda à la mise en scène (ce fut d’ailleurs son dernier film si on excepte la réalisation de certains segments du REVES d’Akira Kurosawa en 1990) donne un minimum de professionnalisme à l’ensemble. Après les délires ultra-kitsch confectionnés par Jun Fukuda, ce ton un (tout petit) peu plus sérieux s’avère salutaire. Malheureusement, Honda ne semble guère avoir eu les moyens de ses ambitions, devant composer avec un script archi-éculé, un budget misérable et des effets spéciaux très faibles, y compris selon les standards du Kaiju Eiga des années 70. L’autre problème, typique de la série, réside dans la longueur excessive de la première partie, la mise en place des motivations des extraterrestres et la découverte du nouveau monstre, le Titanosaure, occupant (longuement !) la moitié du temps de projection. Le lézard atomique lui-même devra attendre près de cinquante minutes pour apparaître enfin, effectuant quelques affrontements assez distrayants de plus en plus proches du catch puisque l’animal se permet l’unes ou l’autre prise bien senties. Le Titanosaure , un peu lâchement, reste à distance et déclenche pour sa part des tempêtes avec son aileron caudal. MechaGodzilla, fidèle à lui-même, balance de son côté un tir nourri de missile afin de pulvériser toutes les maquettes trainant dans le studio
Après une bonne dose d’explosions spectaculaire, le climax joue une carte bien plus sombre et tragique qu’à l’accoutumée avec sacrifice héroïque et décès inopiné de personnages importants. Le métrage se termine donc sur une note plutôt positive mais ne peut faire oublier les longueurs précédentes. Reste les scènes de destructions massives qui, quoique filmées à l’économie, restent divertissantes et amusantes à suivre. C’est déjà ça !
Néanmoins, en dépit de l’un ou l’autre bon moment, LES MONSTRES DU CONTINENT PERDU ne peut faire oublier son aspect terriblement convenu et routinier, dernier avatar d’une série à bout de souffle qu’il convenait sans doute de clore enfin…pour mieux la faire renaître (et de belle manière) au cours de la décennie suivante.
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Article rédigé par Frédéric Pizzoferrato
Ses films préférés - Edward aux Mains d’Argent, Rocky Horror Picture Show, Le Seigneur des Anneaux, Evil Dead, The Killer