Macabre
Duo de producteurs, scénaristes et réalisateurs, les singapouriens Timo Tjahjanto et Kimo Stamboel se sont fait remarquer dans de nombreux festival grâce à leurs deux courts-métrages choc, ALONE (2003) et DARA (2007). MACABRE, leur premier long, s’inscrit directement dans la veine de leurs précédentes réalisations, quelque part entre le survival et le torture-porn.
En sortant d’un bar par un soir de pluie, six amis, dont une femme enceinte, tombent sur une étrange jeune femme, errant seule sur le parking de l’établissement. Ils se proposent très vite de la raccompagner chez elle, d’autant qu’elle leur avoue s’être fait agressée. Mais, à peine ont-ils mis un pied dans sa demeure perdue au fin fond de la campagne, qu’un terrible piège se referme sur les six compagnons.
Avec un tel pitch, les auteurs de MACABRE ne cherchent pas à surprendre avec un concept novateur. Humbles artisans, ils se contentent d’un canevas assez basique pour mieux s’exprimer et orchestrer quelques débordements jouissifs sur une petite musique de série B.En effet, tout le monde se doute que les six amis vont passer un sale quart d’heure dans cette maudite maison ! Malheureusement, le film ne commence pas si bien. Plombé par une lumière de série policière allemande des années 80, MACABRE expose des personnages basiques, plus proches de la chair à boogeyman que de l’être humain auquel tout spectateur peut réellement s’identifier. Les deux tiers suivants du métrage sont à l’avenant : direction de comédiens à la dérive, poncifs répétés (certes, les personnages du film n’ont pas lu le scénario, mais le spectateur lui, connaît pas mal de situations à éviter ou mieux, à contourner, comme celle du portable qui ne passe pas etc…) et personnages douteux auprès desquels aucune personne censée ne resterait plus de quelques secondes. Et soudain, la violence s’abat et les abats se mettent à voler. Les effets spéciaux, sacrément convaincants, renforcent une mise en scène qui retrouve une inspiration, sans pour autant que le film ne connaisse de véritable envol. Mariant torture-flick (via son Leatherface sans masque mais avec tronçonneuse) et survival (les survivants parviennent assez vite à se libérer, mais pas à s’enfuir, d’où une course poursuite nocturne), flirtant même avec le fantastique pur (et la découverte progressive de la nature des tortionnaires ainsi que de leur force surhumaine) MACABRE tarde à trouver son rythme. Alors que le film semble condamné, l’arrivée d’une brigade de police sur les lieux du crime relance l’intrigue de la manière la plus sanglante possible et MACABRE trouve alors un second souffle tel, qu’il se rapproche de la tempête. Affrontements savamment chorégraphiés, gore à outrance, effusions de sang dantesques, toutes les conditions sont réunies sur un rythme endiablé pour faire oublier ce qui précède. Dès lors, et jusqu’au bout, MACABRE ne cessera d’offrir un spectacle généreux et fun, excessif, dont l’intensité explose grâce à l’hystérie des comédiens qui s’en donnent à cœur joie pour se tailler en pièce. Seule note amère au final, de sacrés ressemblances (fortuites ?) avec A L’INTERIEUR. En effet, beaucoup de similitudes avec ce chef d’œuvre de l’horreur à la française, à la fois dans le traitement du scénario (la femme enceinte puis la présence du bébé que l’on veut voler à sa mère) du gore (l’aiguille à tricoter plantée dans l’œil) et jusque dans certains rebondissements (l’arrivée de la police et sa savante élimination). Passée cette légitime interrogation, MACABRE finit bien mieux qu’il n’avait commencé, abandonnant le spectateur sur des montagnes russes lancées à vive allure dans la tripaille.