Au sommaire du numéro 37 de Sueurs Froides :
Val Lewton, Nancy Drew, Ulli Lommel, Flower and Snake, Leprechaun, Patrice Herr Sang, Marian Dora.

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Meat

Un texte signé Stéphane Bex

Nationalité
Hollande
Année de production

2010
Réalisation

Maartje Seyferth, Victor Nieuwenhuijs
Interprètes

Titus Muizelaar, Nellie Benner

Avec MEAT, le couple poursuit sa descente à l’intérieur du désir et d’un monde phantasmatique. Une jeune employée, Roxy (Nellie Benner) est l’objet des attentions de son patron, boucher humilié par sa femme. Lorsque ce dernier est retrouvé égorgé, les films de Roxy, qui enregistre l’intimité de son patron avec sa caméra vidéo, deviennent des pièces à conviction pour l’enquêteur qui partage une ressemblance frappante avec la victime.
Plus complexe que celle de leurs films précédents, la narration de MEAT emprunte la forme post-moderne de l’anneau de Moebius, intrigue retournée sur elle-même en un twist métaphysique, vrillant et bouclant les personnages sur eux-mêmes. Si le film fait songer au LOST HIGHWAY ou au MULHOLLAND DRIVE de Lynch avec la reprise de ses motifs – camera-vidéo dans les mains d’un personnage, la femme fatale inaccessible, personnage dédoublé – c’est moins en fouillant les coulisses d’un genre (le film noir pour Lynch) qu’en tentant de déployer l’éventail d’un cinéma hors-genre et d’en imager la part insensée autant qu’impensée.
On pourrait ainsi désigner l’ensemble des références qui parcourent le film et qui, dans leur hétérogénéité, semblent l’éloigner de toute définition possible : théâtralité et esthétisme de Greenaway – ZOO; LE VENTRE DE L’ARCHITECTE; LE CUISINIER, LE VOLEUR, SA FEMME ET SON AMANT – érotisme macabre du LUNE FROIDE de Bouchitey, tristesse de la sexualité de LA GRANDE BOUFFE de Ferreri; implosion narrative lynchienne de LOST HIGHWAY et MULHOLLAND DRIVE, poétique tarkovskienne, horreur psychologique du SILENCE DES AGNEAUX et found footage de THE BLAIR WITCH PROJECT, le pari du film est risqué de brasser les formes et les esthétiques jusqu’à en brouiller la lecture.
Le film, à côtoyer l’hermétisme, n’y succombe pas pourtant et c’est là ce qui en donne la fragile et tenace beauté, comme celle des toiles d’araignées bâties à la limite de l’invisible. Entre le sordide d’un naturalisme complaisant que semble appeler naturellement ce mélange de viande et de sexualité et l’esthétisme formaliste d’une image livrée à elle-même, le couple s’essaie à une démarche funambule et se tient dans une tension contradictoire à laquelle il a le courage de ne pas donner une issue immédiate.


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Article rédigé par Stéphane Bex

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